Une plate-forme de distribution d’Amazon à  Dobroviz,en République tchèque, le 20 décembre 2018. / David W Cerny / REUTERS

Pour pousser ses clients à commander sur son site sans même qu’ils aient l’impression d’effectuer un achat, Amazon pensait avoir trouvé la panacée. Avec les boutons Dash, ces petits boîtiers connectés lancés en 2015, il suffisait d’une simple pression de doigt pour être réapprovisionné quelques jours plus tard en lames de rasoir, en lessive ou en croquettes pour chat.

Quatre ans plus tard, le géant du commerce en ligne est nettement moins enthousiasmé par sa trouvaille : Amazon vient d’annoncer au site spécialiste Cnet qu’il ne commercialisera plus de boutons Dash, après en avoir vendu « des millions » selon Daniel Rausch, le vice-président de la firme chargé de la maison intelligente. L’entreprise continuera malgré tout d’honorer les commandes passées par les actuels détenteurs de ces boîtiers.

Ce gadget, proposé par des dizaines de marques dans le monde entier, « a été un tremplin fantastique vers le monde de la maison connectée », a estimé M. Rausch. Amazon s’est depuis engouffré dans ce secteur en plein essor, en développant une gamme d’enceintes connectées intégrant son intelligence artificielle Alexa. La firme de Jeff Bezos revendique aujourd’hui plus de 100 millions d’appareils équipés d’Alexa dans le monde. Mais cet assistant vocal, en permettant aux utilisateurs de commander à voix haute leurs produits, a rendu les boutons Dash quelque peu obsolètes.

Gaspillage de composants électroniques

D’autant que depuis 2016, Amazon propose à de nombreux fabricants d’intégrer sa technologie Dash directement à leurs produits « intelligents ». Des machines à café commandent ainsi automatiquement des capsules sur son site lorsqu’elles détectent que les réserves de leur propriétaire touchent à leur fin, comme le font des imprimantes avec les cartouches d’encre, ou des aspirateurs avec les sacs à poussière.

Du reste, les petits boîtiers d’Amazon n’avaient pas très bonne presse. Les organisations écologistes les accusaient de provoquer un gaspillage de composants électroniques, en nécessitant un bouton différent pour chaque marque et pour chaque produit. « Accentuer le problème mondial du gaspillage électronique avec un appareil qui a une fonctionnalité si limitée n’est pas vraiment innovant », avait fustigé Gary Cook, le spécialiste du numérique chez Greenpeace, dans un article du Guardian fin 2016.

Cette fonctionnalité a aussi essuyé les critiques des associations de défense des consommateurs, qui lui reprochaient de pousser les utilisateurs à acheter des produits sans en connaître le prix, et sans pouvoir le comparer aux offres concurrentes. C’est ce qui a conduit en janvier le tribunal de Munich, en Allemagne, à déclarer illégaux les boutons Dash, au motif qu’ils enfreignent les lois en vigueur sur la protection des consommateurs.