« Il n’y a que des bla-bla », « c’est du pipeau », « on est chez les fous »… C’est ainsi que Bernard Tapie a réagi, samedi 2 mars, aux accusations portées dans Le Monde par son ancien homme de confiance, Marc Fratani, avec lequel il est aujourd’hui brouillé. « Il est fâché à mort. Mais de là à aller raconter ces espèces de conneries ! C’est un malade, il a pété un plomb », a indiqué. M. Tapie sur Franceinfo, quelques heures après la publication des articles.

Dans Le Monde, M. Fratani affirmait que l’ancien président de l’Olympique de Marseille (OM) était impliqué dans des actes de corruption de matchs, lorsqu’il était à la tête du club de football, entre 1986 et 1994. L’ancien lieutenant de M. Tapie racontait aussi qu’il avait lui-même accompagné l’homme d’affaires chez Jean-Marie Le Pen, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), entre les deux tours des élections législatives de 1993, pour négocier des arrangements électoraux.

Bernard Tapie a continué à nier cette rencontre, dimanche, sur BFM-TV. L’ancien président du Front national, lui, a confirmé en détail, au micro de RTL, le rendez-vous évoqué déjà dans de nombreux livres. « Il est venu en personne. J’ai accepté de le recevoir bien sûr. Il est monté à mon bureau et il m’a demandé de maintenir mon candidat au deuxième tour de l’élection législative où il était lui-même candidat » , a déclaré M. Le Pen, samedi, à propos de cette élection dans la 10e circonscription des Bouches-du-Rhône.

« Je lui ai dit qu’il s’était dérangé pour rien, a ajouté Jean-Marie Le Pen. Puisque nous avions décidé de maintenir nos candidats dans toutes nos circonscriptions possibles. Depuis, il a nié m’avoir rencontré, mais ça, c’est un menteur mais il n’est pas que cela. » Après Lorrain de Saint Affrique, ex-collaborateur de M. le Pen et désormais Marc Fratani, l’ancien candidat à la présidentielle est la troisième personne qui confirme cette rencontre avec celui qui traitait les électeurs du FN de « salauds » et s’est toujours présenté comme le champion de la lutte contre l’extrême droite.

« Je ne suis pas inquiet »

Dans Le Monde, Marc Fratani affirmait aussi avoir participé « une fois à un achat d’arbitre » avant un match PSG-OM. L’ancien président du club marseillais a expliqué de son côté que les actes de corruption d’arbitre lorsqu’il dirigeait le club marseillais ne le « concernent plus ». « Après, si lui a acheté un arbitre un jour, il faut qu’il donne son nom, dise où, quand et qui lui a donné l’argent », a riposté M. Tapie avant de demander « à ce que la justice l’interroge pour qu’il dise quel arbitre, quel match, quel jour ».

« Seul Jean-Pierre Bernès [directeur général du club à l’époque] avait la capacité à acheter un arbitre. Je n’ai pas acheté un match. J’ai simplement participé à cet achat. M. Bernès le dit sur procès-verbaux », a confirmé M. Fratani sur RTL lundi 4 mars avant d’ajouter. « Je ne suis pas inquiet. Vous verrez, il n’y aura pas de plainte. »

Invité de la matinale d’Europe 1, au même moment, Bernard Tapie, lui, a préféré quitter le studio, plutôt que de répondre aux questions sur les accusations de son ancien attaché parlementaire, comme il avait déjà menacé de le faire la veille sur BFM-TV, où il était deux heures durant l’invité de l’émission « Et en même temps ». Du 11 mars au 5 avril, c’est un autre rendez-vous qui attend l’homme d’affaires. A ces dates, il sera jugé dans l’affaire de l’arbitrage controversé qui lui avait accordé 404 millions d’euros pour solder son litige avec le Crédit lyonnais.