Mahmoud Abu Zaid, photojournaliste connu sous le nom de « Shawkan », embrasse ses parents à son domicile, au Caire, en Egypte, le lundi 4 mars 2019. / Amr Nabil / AP

Après plus de cinq ans en prison, le photojournaliste Mahmoud Abu Zeid dit « Shawkan », détenu depuis 2013 pour avoir couvert la répression sanglante d’une manifestation d’islamistes au Caire, a été remis en liberté lundi 4 mars, dans la matinée, a-t-on appris auprès de son avocat.

« Il est sorti à 6 heures du commissariat d’Al-Haram et il est actuellement chez lui », a fait savoir Me Taher Aboul Nasr. Lundi matin, plusieurs photos du photographe trentenaire, arborant un large sourire ou bien tenant un appareil photo, circulaient sur les réseaux sociaux.

Shawkan devra observer un contrôle judiciaire strict pendant cinq ans, l’obligeant à dormir au commissariat de son quartier chaque soir. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a dénoncé lundi ces conditions. Le coordinateur Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’ONG, Sherif Mansour, cité dans un communiqué, a appelé « les autorités égyptiennes à mettre fin au traitement honteux de ce photojournaliste en supprimant toute condition à sa remise en liberté ».

Mahmoud Abu Zaid, photojournaliste connu sous le nom de « Shawkan », embrasse l’appareil photo de son collègue, chez lui, au Caire, en Egypte, le lundi 4 mars 2019. / Amr Nabil / AP

Régime ultra-répressif

Un tribunal l’avait condamné à cinq ans de prison en septembre, ce qui couvrait sa détention. Mais le photographe est resté en prison plusieurs mois après cette décision, sa situation n’ayant pas été régularisée avec l’administration pénitentiaire au moment de la décision du tribunal. Selon son avocat, un appel de cette condamnation a été interjeté.

Lauréat du prix mondial de la liberté de la presse de l’Unesco en mai, Shawkan était poursuivi pour « meurtre, tentative de meurtre et appartenance à un groupe terroriste » et risquait la peine de mort. Plusieurs ONG internationales ont milité sans relâche pour sa libération, dénonçant à travers le cas du photojournaliste une attitude répressive du pouvoir vis-à-vis des médias en Egypte.

Plus de 700 personnes avaient été jugées en septembre en même temps que Shawkan. Outre le jeune photographe, 214 autres personnes avaient écopé de cinq ans de prison. Certains, libérables, ont également été remis en liberté lundi.

Soixante-quinze prévenus, dont des dirigeants des Frères musulmans, avaient, eux, été condamnés à mort. La plupart des accusés étaient accusés d’avoir tué des policiers ou d’avoir vandalisé des biens publics en août 2013, lors d’émeutes au Caire.

La haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l’Homme, Michelle Bachelet, avait dénoncé ce verdict, estimant que les droits des accusés avaient été « ignorés de manière flagrante ». Le ministère égyptien des affaires étrangères l’avait accusée, en réponse, de « manque d’objectivité ».

Elu président en 2014, puis réélu en 2018, Abdel Fattah Al-Sissi, ex-chef de l’armée et architecte de la destitution de Mohamed Morsi, est régulièrement accusé par les organisations de défense des droits humains d’avoir instauré un régime ultra-répressif.