Une enquête administrative a été ouverte au sein de la gendarmerie après le carambolage mortel impliquant un militaire mardi dernier, près de Bourgoin-Jallieu, dans l’Isère. « Nous allons regarder s’il y a eu faute ou manquement à l’éthique et à la déontologie », a précisé lundi 4 mars à l’Agence France-Presse (AFP) le colonel Yves Marzin, commandant du groupement de gendarmerie de l’Isère. « Nous prendrons, s’il y a lieu, les sanctions nécessaires au niveau administratif. Celles-ci sont indépendantes des sanctions judiciaires » déjà prononcées, a précisé M. Marzin.

Le gendarme au volant, qui n’était pas en service, avait consommé de grandes quantités d’alcool – le prélèvement sanguin pratiqué après l’accident a révélé un taux de 2,54 grammes d’alcool par litre de sang. Il avait bu avec d’autres militaires qui ne l’ont pas dissuadé de prendre le volant, et la famille des victimes s’en est indignée.

« Les quatre gendarmes qui se trouvaient dans [le] bar (…) auraient dû prendre conscience de l’importance de retenir leur collègue en état d’ivresse. Et du carnage que cela pouvait engendrer s’il prenait le volant. Leur responsabilité doit être examinée », a plaidé un des enfants des victimes, dans Le Parisien.

Le gendarme condamné en comparution immédiate

Le carambolage, qui a impliqué six véhicules, s’est produit mardi dernier peu après 19 heures sur une route nationale située à proximité de Bourgoin-Jallieu. Dans la voiture, se trouvaient trois passagers : la fille de 8 ans du conducteur ainsi qu’un autre gendarme et son fils de 11 ans.

Le militaire de 35 ans, en poste dans une brigade locale, a été condamné jeudi en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Bourgoin-Jallieu à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis. Il a été écroué. Dans Le Parisien, les enfants des victimes ont dénoncé « un procès bâclé qui n’a pas fait toute la lumière, en omettant d’autres responsabilités ».

Interrogée par l’AFP, la procureure de la République de Bourgoin-Jallieu, Dietlind Baudoin, a dit comprendre que le choix de la comparution immédiate était difficile à accepter pour la famille : la procédure « va vite » et c’est « extrêmement violent » dans ces circonstances. Cependant, la magistrate assume son choix, alors que « les faits sont simples » et que « l’enquête a été extrêmement bien faite ». « Si j’avais voulu protéger la gendarmerie, j’aurais demandé l’ouverture d’une information judiciaire », affirme-t-elle. La magistrate estime par ailleurs « qu’il n’y a pas en l’état de responsabilité pénale » des autres gendarmes amis du condamné.

L’avocat de la défense, Gabriel Versini-Bullara, a confirmé que c’était son client lui-même qui avait souhaité être jugé immédiatement alors qu’il avait la possibilité de demander un délai pour préparer sa défense. « La justice est passée concernant mon client », considère Me Versini-Bullara, ajoutant que le gendarme n’envisageait pas de faire appel de sa condamnation.