Une puissante commission parlementaire américaine, dirigée par les démocrates, a lancé, lundi 4 mars, une vaste enquête sur Donald Trump en demandant à 80 personnalités et organisations – dont deux fils du président républicain, Eric et Donald Jr., et son gendre Jared Kushner – qu’elles leur livrent des documents.

La commission judiciaire de la chambre basse du Congrès enquête sur des soupçons d’« entrave à la justice, de corruption et d’autres abus de pouvoir de la part du président Trump, ses associés et des membres de son administration », précise-t-elle dans un communiqué.

Elle a contacté 81 personnes et organisations en tout, dont Allen Weisselberg, directeur financier de la Trump Organization, l’avocat personnel du président Jay Sekulow, d’anciens responsables de la Maison Blanche comme Steve Bannon, Sean Spicer et Hope Hicks, ainsi que le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange. Dans les lettres, la commission les exhorte à livrer les documents d’ici le 18 mars.

« Ces dernières années, le président Trump n’a pas eu à rendre des comptes sur ses attaques presque quotidiennes contre nos règles et normes légales, éthiques et constitutionnelles fondamentales, écrit le président démocrate de cette commission, Jerrold Nadler. Il s’agit d’une période critique pour notre Nation ; nous avons la responsabilité d’enquêter sur ces questions et d’en informer le public. »

Munitions pour une éventuelle procédure de destitution

Dimanche, M. Nadler avait expliqué que les soupçons d’entrave à la justice s’appuyaient sur les accusations répétées de « chasse aux sorcières » lancées par le 45e président des Etats-Unis à l’encontre de l’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur une possible collusion avec la Russie.

Les démocrates ont repris la majorité à la Chambre des représentants en janvier, avec la promesse de lancer de nombreuses enquêtes parlementaires contre le président après deux ans de majorité républicaine. Ces nouvelles investigations, et la multitude de documents exigés, pourraient fournir des munitions aux démocrates s’ils lançaient une éventuelle procédure de destitution, ou impeachment, contre Donald Trump.

Mais les chefs démocrates du Congrès apparaissent encore réticents à jouer cette carte, qui semble difficile à concrétiser tant que les républicains contrôlent le Sénat, et qui pourrait galvaniser la base du président. « La route est encore longue vers l’impeachment », a déclaré Jerrold Nadler, qui s’exprimait lors d’un entretien sur la chaîne ABC dimanche.

Dans une déclaration lundi, la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, a accusé réception de la lettre de M. Nadler et déclaré que les fonctionnaires « en prendront connaissance et y répondront en temps opportun ». Donald Trump a, de son côté, qualifié l’enquête des démocrates de « bidon » mais assuré qu’il coopérera.

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