Le président Emmanuel Macron le 27 février, lors d’une conférence de presse à l’Elysée avec la chancelière allemande Angela Merkel. / Gonzalo Fuentes / REUTERS

A l’approche des élections européennes prévues le 26 mai, le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, dévoile, dans une tribune diffusée lundi 4 mars dans les journaux de 28 pays européens, sa vision de l’Europe et les projets qu’il compte défendre. Tour d’horizon de ses propositions.

  • « Remettre à plat l’espace Schengen »

Emmanuel Macron propose de « remettre à plat l’espace Schengen » qui comprend, aujourd’hui, les territoires de 26 Etats européens — 22 Etats membres de l’Union européenne et 4 Etats associés, qui ont mis en œuvre l’accord et la convention de Schengen signés en 1985 et 1990. « Tous ceux qui veulent y participer doivent remplir des obligations de responsabilité (contrôle rigoureux des frontières) et de solidarité (une même politique d’asile, avec les mêmes règles d’accueil et de refus) », écrit-il.

Il s’agit, pour le chef de l’Etat français, d’assurer à la fois la protection des « valeurs et des frontières » de l’Europe « face aux migrations ». Cette protection doit reposer sur une « police des frontières commune » et un « office européen de l’asile », agissant sous l’autorité d’un « Conseil européen de sécurité intérieure ».

  • Un traité de défense et de sécurité

De même, le chef de l’Etat veut renforcer la politique européenne en matière de défense. Il propose un « traité de défense et de sécurité » définissant « nos obligations indispensables, en lien avec l’OTAN et nos alliés européens : augmentation des dépenses militaires, clause de défense mutuelle rendue opérationnelle, Conseil de sécurité européen associant le Royaume-Uni pour préparer nos décisions collectives ».

  • Une agence européenne de protection des démocraties

Pour protéger les démocraties européennes, le chef de l’Etat propose la création d’une « agence européenne de protection des démocraties » : celle-ci fournirait des « experts » européens à chaque Etat membre pour « protéger son processus électoral contre les cyberattaques et les manipulations ». Dans le même but, « nous devons aussi interdire le financement des partis politiques européens par des puissances étrangères », écrit aussi le président.

  • Une réforme de la politique de concurrence

Emmanuel Macron propose de « sanctionner ou interdire en Europe les entreprises qui portent atteinte à nos intérêts stratégiques et nos valeurs essentielles, comme les normes environnementales, la protection des données et le juste paiement de l’impôt ». Il suggère aussi d’« assumer, dans les industries stratégiques et nos marchés publics, une préférence européenne comme le font nos concurrents américains ou chinois ».

  • Un « bouclier social » pour tous les Européens

Le chef de l’Etat estime que l’Europe doit « porter un projet de convergence plus que de concurrence ». Aussi propose-t-il que soit créé un bouclier social garantissant à chaque travailleur « la même rémunération sur le même lieu de travail, et un salaire minimum européen, adapté à chaque pays et discuté chaque année collectivement ».

  • Une banque du climat pour financer la transition écologique

Emmanuel Macron encourage les Européens à fixer un objectif zéro carbone en 2050 et une division par deux des pesticides en 2025. Il prône la création d’une banque européenne du climat, « pour financer la transition écologique », d’une « force sanitaire européenne pour renforcer les contrôles de nos aliments » ainsi qu’une « évaluation scientifique indépendante » des substances dangereuses pour l’environnement et la santé pour agir « contre la menace des lobbys ».

  • Création d’une « supervision européenne des grandes plates-formes »

Le président veut « réguler les géants du numérique » avec cette supervision européenne qui permettrait une « sanction accélérée des atteintes à la concurrence » et la « transparence de leurs algorithmes ». Il souhaite aussi « financer l’innovation » en dotant le nouveau Conseil européen de l’innovation « d’un budget comparable à celui des Etats-Unis ».

  • Un « pacte d’avenir » avec l’Afrique

Emmanuel Macron suggère d’assumer « un destin commun » avec le continent africain et de soutenir son développement par de « l’investissement, des partenariats universitaires, l’éducation des jeunes filles ».

  • Une « conférence pour l’Europe » d’ici la fin de l’année

Le chef de l’Etat propose la tenue d’une conférence qui réunirait les représentants des institutions européennes et des Etats mais aussi des panels de citoyens, des universitaires, les partenaires sociaux, des représentants religieux et spirituels. Pourraient y être abordés « tous les changements nécessaires à notre projet politique, sans tabou, pas même la révision des traités ».