Grégoire Colin (Vincent Mercier) et Evelyne Brochu (Louise Mercier) dans la série « Thanksgiving », sur Arte.tv / THIBAULT GRABHERR / ARTE.TV

LES CHOIX DE LA MATINALE

A découvrir cette semaine, les sept enfants super-héros de « The Umbrella Academy », un couple en proie aux non-dits avec « Thanksgiving », et l’adaption en série du « Nom de la rose ».

« The Umbrella Academy », bande des sept super-héros

The Umbrella Academy | Teaser [HD] | Netflix
Durée : 01:12

Sept enfants (surnommés de « n° 1 » à « n° 7 ») adoptés et manipulés par un ­savant fou, qui en a fait des super-héros, se retrouvent dans l’hôtel particulier cossu où ils ont passé leur jeunesse. Là, ils vont tout faire pour connaître la vérité sur la mort du père et tenter d’empêcher l’apocalypse – entrevue par « n° 5 » au cours de ses périples dans le futur. Cette série adaptée pour ­Netflix d’une bande dessinée de Gerard Way et Gabriel Bá (disponible en français chez Delcourt) témoigne d’une sophistication des décors à l’esthétique vintage, à la fois datée et sans âge, et d’une bande-son particulièrement riche et astucieusement liée à la dramaturgie.

La distribution réunit des visages connus des amateurs du genre (Tom Hopper vu dans ­Merlin et Game of Thrones ou ­Robert Sheehan dans la série ­Misfits, par exemple), des emplois inattendus (la chanteuse Mary J. Blige en bagarreuse sans pitié) et l’actrice de cinéma indépendant (et de rares blockbusters) Ellen Page. Mais la vedette leur est à tous volée par Robert Sheehan : dans un rôle déjanté de junkie sexy, l’acteur irlandais déploie des talents qui le promettraient volontiers à l’emploi du Joker dans un futur Batman. – Renaud Machart

« The Umbrella Academy », série créée par Steve Blackman. Avec Ellen Page, Tom Hopper, Emmy Raver-Lampman, Robert Sheehan, David Castañeda (EU, 2019, 10 × 45-59 min). www.netflix.com à la demande.

« Thanksgiving » : l’amour ressemble à une histoire d’espionnage

Evelyne Brochu - Trailer for Thanksgiving (2018) from ARTE tv
Durée : 00:31

Thanksgiving a le charme opaque de la citation de Patrick Modiano, qui ouvre cette mini-série : « Quand on aime quelqu’un, il faut accepter sa part de mystère… Et c’est pour ça qu’on l’aime. » En effet, si l’intrigue prend corps au sein d’une start-up où se noue une affaire d’espionnage industriel, les enjeux de Thanksgiving, eux, portent sur l’inquiétant poison qu’instillent secrets, silences et non-dits à l’intérieur d’un couple.

Ce long film de Nicolas Saada monté sous forme de trois épisodes met en scène un couple : Vincent, marié depuis vingt ans et père de deux jeunes enfants, a co-créé une boîte de cybersécurité ; et sa femme Louise, qui vient tout juste de lancer son agence immobilière. Lui, Parisien, apparaît plutôt introverti et solitaire, quand sa femme, d’origine américaine, vit entourée d’une communauté de compatriotes installés à Paris. On les rencontre alors que chacun, pris dans un engrenage différent, prend l’habitude de vivre masqué… sans savoir si cela sauvera ou détruira le couple.

Maîtrisée de bout en bout – jusqu’à la scène finale, d’une ironie mordante à la Hitchcock –, Thanksgiving s’appuie sur le jeu fort et sobre de Grégoire Colin (souvent vu dans des réalisations de Claire Denis) et de la Canadienne Evelyne Brochu (Orphan Black, Tom à la ferme). – Martine Delahaye

Thanksgiving, mini-série de Nicolas Saada (Fr., 2018, 3 x 48 min). Disponible sur arte.tv jusqu’au 30 mars.

« Le Nom de la rose », recréation en devenir

LE NOM DE LA ROSE Bande Annonce (2019) Thriller, Série OCS
Durée : 00:58

Faut-il adapter les films en séries ? Le récent Hippocrate, de Thomas Lilti pour Canal+, a montré que, conduit avec soin et porté par un souci de renouvellement – en l’occurrence par le cinéaste lui-même –, le procédé peut non seulement trouver sa singularité mais offrir plus de profondeur encore au propos et aux personnages. Au vu des deux premiers épisodes de The Name of the Rose que nous avons pu visionner, on ne sait pas encore si la série adaptée du best seller (55 millions d’exemplaires vendus dans le monde) d’Umberto Eco (1932-2016), Le Nom de la rose (1980, paru deux ans plus tard en français et récompensé du prix Médicis étranger), trouvera la force d’une véritable recréation.

Le réalisateur, l’Italien Giacomo Battiato, habitué des sujets historiques et religieux, a apparemment décidé de prendre son temps : scènes longues, interminables dialogues dont l’absence de tension, en dépit de la présence du formidable John Turturro, est plombée par une musique épaisse et liquoreuse. Le tout est filmé de manière académique et prévisible, dans l’esprit des bonnes vieilles dramatiques historiques des années 1960, avec des personnages dont le vestiaire semble cousu dans d’anciennes couvertures des wagons-lits de la SNCF. R. Ma.

The Name of the Rose, série créée par Andrea Porporati, Nigel Williams et Giacomo Battiato (It- All.-Fr., 2019, 8 x 52 min). Avec John Turturro, Rupert Everett, Damian Hardung, Fabrizio Bentivoglio, Greta Scarano, Richard Sammel, Stefano Fresi, Roberto Herlitzka, Antonia Fotaras, Sebastian Koch, Michael Emerson. OCS Max, mardi 5 mars, 20 h 40.