Manifestation contre les violences faites aux femmes, le 29 octobre à Marseille. / FRANCK PENNANT / AFP

La nouvelle loi pénalisant les « outrages sexistes » a donné lieu à 332 amendes sur tout le territoire français depuis son entrée en vigueur, en août, a annoncé mercredi 6 mars la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. Un chiffre dont s’est félicitée la responsable politique, car il donne tort, selon elle, aux voix sceptiques qui pensaient « que ce serait une loi accessoire, ou qu’on ne réussirait pas à véritablement verbaliser le harcèlement de rue ».

Dans un communiqué publié à l’issue du conseil des ministres, Mme Schiappa se félicite que « depuis six mois, les forces de l’ordre dressent des contraventions en flagrant délit pour tout agissement sexiste », afin que « les femmes puissent se réapproprier l’espace public ». Par cette loi, la France est « le premier pays au monde à pénaliser le harcèlement de rue par des amendes », comprises entre 90 et 750 euros, a rappelé Mme Schiappa.

En France, une femme sur quatre (24 %) déclare avoir subi au moins une atteinte ou violence sexiste ou sexuelle dans l’espace public au cours de la dernière année. Cela va du regard insistant jusqu’au viol, en passant par l’injure sexiste ou sexuelle, le harcèlement sexuel ou encore l’exhibitionnisme. Dix-huit pour cent d’entre elles affirment avoir été regardées avec insistance, un pourcentage qui grimpe à 71 % quand la question est élargie à l’ensemble de l’existence.

Evaluation pour des « éventuels correctifs »

Le choix a été fait d’une procédure par verbalisation, qui ne passe pas par un dépôt de plainte – une procédure souvent jugée contraignante. Est-ce le plus pertinent ? L’efficacité de la loi Schiappa contre les violences sexistes et sexuelles – adoptée l’an dernier et qui a, entre autres dispositions, instauré ces amendes – fera l’objet d’une évaluation, confiée à la députée LRM Alexandra Louis. Mme Louis pourra proposer « les éventuels correctifs à apporter », a précisé la secrétaire d’Etat.

A la fin de septembre, la première condamnation en vertu de la nouvelle loi avait été prononcée : elle concernait un homme de 30 ans, condamné à 300 euros d’amende pour s’en être pris à une femme de 21 ans dans un bus de Draveil, en région parisienne.

30 femmes tuées dans des violences conjugales

Avant la Journée internationale pour les droits des femmes, vendredi 8 mars, Marlène Schiappa a également rappelé que, depuis le début de l’année, 30 femmes avaient été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Ce chiffre est « extrêmement préoccupant, car le rythme s’accélère. On était à une femme tuée tous les trois jours, mais là on arrive presque à une femme tous les deux jours », s’est-elle alarmée, rappelant que chacun, s’il est témoin ou entend des signes de violences conjugales chez son voisin, « doit appeler la police ». « Il ne s’agit pas de délation, mais d’un geste citoyen qui peut permettre de sauver des vies », a-t-elle fait valoir.

En 2017, cent trente femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon, contre 123 en 2016. Dans le même temps, seize hommes tués par leur compagne ou ex-conjointe, et 25 enfants tués dans le cadre de violences conjugales, selon des données compilées par la police et la gendarmerie. Chaque année, près de 220 000 femmes subissent des violences de la part de leur conjoint ou ex-compagnon. En outre, plus de 250 femmes sont violées chaque jour.

Mme Schiappa a également annoncé un plan de lutte contre l’excision, présenté « à la fin du printemps ». La loi interdit déjà les mutilations génitales, sur le territoire français comme à l’étranger pour les jeunes Françaises, mais « un combat culturel » reste à mener dans les pays où cette pratique est courante, « en partenariat avec ces pays », selon la secrétaire d’Etat. Il s’agit notamment d’éviter que les jeunes Françaises soient excisées pendant leurs vacances dans leur pays d’origine.

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