Yannick Jadot, candidat écologiste aux élections européennes, a déclenché une petite tempête à gauche, en ne fermant pas la porte à une alliance, au Parlement européen, avec la droite, les libéraux et les sociaux-démocrates après les élections de mai.

Mardi 5 mars, Jean-Luc Mélenchon a attaqué l’écologiste dans un post de blog intitulé « Jadot ne s’en cache pas : retour à l’écologie de marché ». « Yannick Jadot retourne officiellement à ses convictions libérales bien connues des adhérents d’[Europe Ecologie-Les Verts] », écrit le chef de file des « insoumis ». « [Il] semble vouloir concilier écologie et libéralisme. Il se dit favorable “à la libre entreprise et à l’économie de marché.” »

Les griefs de M. Mélenchon trouvent leur origine dans une interview donnée par M. Jadot au Point, vendredi. Interrogé sur une possible alliance avec le Parti populaire européen (PPE, droite), l’Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe (ALDE, libéraux) et le Parti socialiste européen (PSE, sociaux-démocrates), l’écologiste ne répond pas par la négative mais assure : « Nous poserons nos conditions à un contrat de gouvernement avec le prochain président de la Commission. » Il ajoute : « Si on nous propose un programme qui améliore substantiellement le fonctionnement de l’Union et les politiques européennes, alors, les Verts y apporteront leur soutien. » Yannick Jadot avance par ailleurs le nom de Michel Barnier, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, comme candidat à la présidence de la Commission : « Il a démontré sa compétence. Il est droit », loue l’écologiste.

« EELV revient à une écologie des petits pas »

Mardi, M. Jadot a lui-même corrigé ses propos. « On ne fera pas partie d’une coalition avec le PPE. Ça n’existera pas », a-t-il déclaré à l’Agence France-Presse, tout en rappelant que les Verts ont leurs candidats à la Commission européenne, Ska Keller et Bas Eickhout.

Se posant en « pragmatique », M. Jadot assume en revanche dans Le Figaro, mercredi, être « pour l’économie de marché, pour la libre entreprise et l’innovation ».

Un positionnement critiqué par Manon Aubry, tête de liste de La France insoumise pour les élections européennes. Invitée de France Inter mercredi, elle a fustigé l’« ambiguïté » de M. Jadot : « Il semble qu’Europe Ecologie-Les Verts revienne à une écologie des petits pas, une écologie qui serait compatible avec le marché. »

Mardi, Thomas Porcher, cofondateur du mouvement Place publique – qui a pour ambition de fédérer la gauche aux européennes –, a également blâmé le leader écologiste. « L’écologie est de gauche car, pour les écologistes, la nature n’a pas de prix et aucun profit d’entreprise ne justifie sa destruction », a-t-il écrit sur Twitter. Puis, dans un échange avec le secrétaire national de EELV, David Cormand, il a souligné que « l’économie de marché n’est pas un concept “cool” ou “pragmatique” mais bien un rouleau compresseur pour les plus faibles ».

Yannick Jadot a exclu depuis des semaines toute liste de rassemblement avec des partis de gauche pour les européennes, assurant faire campagne pour l’écologie et non pour l’union de la gauche.