Sohae, sur la côte nord-ouest de la Corée du Nord, sert officiellement à placer des satellites en orbite. / David Guttenfelder / AP

Les services de renseignement sud-coréens et des sites spécialisés sur la Corée du Nord ont recueilli des indices montrant que le régime de Pyongyang rénove une partie d’un site de lancement de missiles qu’elle avait entrepris de démanteler ainsi qu’elle l’avait promis lors du sommet de Singapour avec Donald Trump le 12 juin 2018.

Le regain d’activité sur la base de lancement de satellite nord-coréenne de Sohae, à Tongchang-ri, a été détecté deux jours seulement après l’échec de la rencontre entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Ce sommet s’est achevé sur le constat de divergences sur le degré auquel le Nord veut bien réduire son programme nucléaire et sur la question de la levée des sanctions des Nations unies visant Pyongyang.

Cette activité pourrait « illustrer une détermination face au rejet américain » de la demande nord-coréenne d’allègement des sanctions qui pèsent sur le régime, affirme le Centre pour les études stratégiques et internationales (CSIS), basé à Washington. « Cette installation était en sommeil depuis août 2018, ce qui indique que les activités actuelles sont délibérées et ont un but. »

Sohae, sur la côte nord-ouest de la Corée du Nord, sert officiellement à placer des satellites en orbite, mais les réacteurs peuvent aisément être adaptés aux missiles balistiques. La communauté internationale accuse le programme spatial nord-coréen d’être le paravent de ses programmes d’armement.

Images satellites de la base de lancement. / HANDOUT / REUTERS

Démantèlement

Le président sud-coréen Moon Jae-in avait annoncé en septembre à l’issue d’un sommet à Pyongyang avec M. Kim que la Corée du Nord avait accepté de « fermer de façon permanente » son site de test de moteurs de missiles de Sohae ainsi qu’un pas de tir.

Des images satellites de Sohae prises en juillet avaient montré qu’un bâtiment monté sur rails, dans lequel les fusées sont assemblées avant d’être placées sur le pas de tir, avait commencé à être démonté.

Mais le CSIS fait état à présent d’activités « évidentes » à la Station de lancement de satellites de Sohae. C’est de là que Pyongyang avait envoyé des satellites en 2012 et en 2016.

Le site 38 North, lui aussi basé à Washington, fait également état de travaux en cours sur le site de Sohae, sur la base d’images satellites. Les images montrent qu’ont été remises en place des structures mobiles sur rail ayant par le passé servi au transfert des fusées vers le pas de tir, dit-il. Joel Wit, directeur de 38 North estime que les indices observés ne signifient pas nécessairement « la préparation d’un test d’ICBM » (missile balistique intercontinental).

Selon 38 North, les travaux de reconstruction du site de Sohae ont commencé entre le 16 février et le 2 mars.

« Le timing compte. (…) Les images racontent le fait que cela s’est produit pendant les discussions de travail entre [Stephen] Biegun et Kim Hyok Chol dans les semaines avant Hanoï », a relevé Ankit Panda, de la Fédération des scientifiques américains dans un tweet se référant aux négociateurs américain et nord-coréen.

La Corée du Nord a réalisé en 2006 son premier essai nucléaire. En 2017, elle a affirmé pouvoir monter une charge nucléaire sur un missile intercontinental capable d’atteindre la Côte est des Etats-Unis.

Le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton, a dit que l’administration américaine allait vérifier si Pyongyang était déterminé à abandonner ou non ses programmes balistique et nucléaire.