L’ancien avocat de Donald Trump, Michael Cohen, quitte le Congrès après avoir témoigné devant la commission du renseignement, le 6 mars à Washington D.C. / KEVIN LAMARQUE / REUTERS

L’ex-avocat de Donald Trump, Michael Cohen, a achevé mercredi 6 mars un long témoignage à huis clos devant le Congrès qui aidera « à faire avancer considérablement » une enquête parlementaire visant le président américain, selon les démocrates. Une semaine après avoir dépeint publiquement Donald Trump comme un menteur, un « tricheur » et un « raciste », l’ex-homme de confiance du milliardaire devait notamment revenir sur le projet controversé de construction d’une tour Trump à Moscou.

Démarrée la semaine dernière, l’audition – que se tenait cette fois à huis clos – devant la puissante commission du renseignement de la Chambre des représentants a duré seize heures en tout, selon l’avocat de M. Cohen.

M. Cohen « a fourni un témoignage important et des documents pertinents pour le cœur même de notre enquête qui nous permettront de faire avancer considérablement l’enquête », a affirmé le président démocrate de la commission, Adam Schiff, après l’audition. Il a salué la « coopération totale » de Michael Cohen malgré les « menaces à peine voilées du président et de ses alliés » contre le témoin. L’ex-avocat a à plusieurs reprises dit faire l’objet d’intimidations de la part de Donald Trump, qui l’a publiquement traité de « balance ».

Une « Trump Tower » moscovite

A la fin de ce long marathon d’auditions, mercredi, Michael Cohen a estimé qu’elles s’étaient « très, très bien passées ». « Je pense qu’ils sont satisfaits et je leur ai garanti que je coopérerais s’ils ont besoin de toute autre information », a-t-il déclaré devant les caméras.

Adam Schiff tenait à approfondir mercredi certains points de son témoignage, notamment le projet de la tour Trump à Moscou qui alimente les soupçons de collusion entre le Kremlin et l’équipe de campagne du candidat républicain. Michael Cohen aurait en effet continué à négocier ce projet pendant la campagne présidentielle de 2016, contrairement à ce qu’a longtemps affirmé Donald Trump. En 2017, M. Cohen avait affirmé devant le Congrès que les discussions avaient cessé en janvier 2016, avant d’admettre qu’elles avaient continué pendant plusieurs mois. Il dit avoir menti sur consignes implicites de M. Trump.

Intermédiaire sulfureux

La commission du renseignement doit entendre le 14 mars, en public cette fois, Felix Sater, sulfureux personnage de l’entourage de Donald Trump. Né en Russie et ami d’enfance de Michael Cohen, il aurait été chargé de jouer les intermédiaires avec Moscou sur ce projet immobilier moscovite.

Michael Cohen a été condamné en décembre à trois ans de prison pour parjure devant le Congrès et infraction au code électoral – des délits qu’il dit avoir commis pour protéger Donald Trump – ainsi que pour fraude fiscale. Il sera incarcéré le 6 mai, mais il a entre-temps collaboré avec l’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur le tentaculaire dossier russe.

Les républicains ont attaqué la crédibilité de Michael Cohen. Donald Trump, qui nie toute collusion et dénonce une « chasse aux sorcières », l’a qualifié de « menteur ». Les démocrates, majoritaires à la Chambre des représentants, ont lancé lundi plusieurs enquêtes parlementaires potentiellement explosives pour le président. Ils ont notamment demandé les rapports d’échanges entre M. Trump et son homologue russe, Vladimir Poutine.

« Menteur », « raciste » et « escroc » : l’audition explosive de Michael Cohen, ancien avocat de Trump
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