Les « gilets jaunes » se mettent au vert. Enfin, une partie d’entre eux, emmenés notamment par Priscillia Ludosky, l’une des figures du mouvement qui avait lancé en novembre 2018 une pétition contre la hausse du prix des carburants. Ils se sont donné rendez-vous, à l’occasion de l’acte XVII du mouvement, dès vendredi 8 mars, pour un « sit-in-village-campement » à Paris, sur le Champ-de-Mars. « Apportez vos tentes, duvets, sacs de couchage », incite l’affiche d’appel à cette action qui est prévue pour durer jusqu’au dimanche soir. Matériel de soins, food trucks, structures éphémères seront présents sur place.

« Par cette action non violente, nous voulons mettre en avant la triple exigence de justice sociale, fiscale et climatique », explique Priscillia Ludosky qui se félicite de l’organisation de l’initiative avec les associations Alternatiba et ANV-COP21 (Action non violente-COP21), spécialistes des mobilisations, souvent spectaculaires, sur le climat. Ces dernières opèrent ainsi, depuis quinze jours, des « enlèvements » de portraits officiels du président de la République dans les mairies pour « dénoncer le vide de la politique climatique et sociale d’Emmanuel Macron ».

« Pouvoir agir ensemble »

Samedi, ces militants viendront donc renforcer les « gilets jaunes ». Des prises de parole, des échanges auront lieu dans ce campement improvisé. Autour du Champ-de-Mars et de son emblématique tour Eiffel, diverses actions devraient rythmer le week-end.

« Le mouvement des “gilets jaunes” a montré que la transition écologique impactera les modes de vie de chacun et devra donc impérativement être juste pour être acceptable. Nous sommes très contents de pouvoir agir ensemble pour affirmer nos exigences de justice sociale, fiscale et de lutte contre le changement climatique », indique Pauline Dubois d’ANV-COP21.

Convergence sociale et climatique

Dès les débuts du mouvement social, à l’automne 2018, quelques initiatives dans certaines villes avaient exprimé la convergence entre « jaunes » et « verts ». Mais, de fait, la question écologique n’était pas vraiment au centre des discussions sur les ronds-points occupés.

« J’ai entendu des personnes me dire qu’ils étaient anti-écolos, mais là n’est pas la question. On peut quand même être tous d’accord pour constater que ce n’est pas normal qu’il fasse 25 oC en février. Le problème qui nous rassemble, ce sont les taxes et le fait qu’elles soient bien affectées à la transition écologique », affirme Priscillia Ludosky, qui a confié au Monde qu’elle n’avait « pas une conscience plus élevée sur le climat qu’un autre mais qu’[elle avait] compris que tout était lié ».

Cette convergence dans l’action aura de nombreuses occasions de s’exprimer avec la grève internationale pour le climat de la jeunesse scolarisée organisée le 15 mars, notamment par Youth for Climate, sous l’impulsion de la lycéenne suédoise Greta Thunberg (Fridays for Future), puis les 16 et 17 mars avec de nouvelles actions internationales (marches, carnavals, concerts, flash-mobs, chaînes humaines…), organisées notamment par Citoyens pour le climat.

En attendant, le sit-in parisien de ce week-end sera l’occasion de mesurer l’ampleur de cette convergence sociale et climatique. « Les lieux seront nettoyés avant départ », ont précisé les organisateurs dans leur demande à la préfecture. La conscience écolo dans les faits…