M. Bouteflika a, dans un message à l’occasion du 8 mars, agité le spectre du « chaos » et de la division. / RAMZI BOUDINA / REUTERS

De nouvelles manifestations massives contre un 5e mandat d’Abdelaziz Bouteflika sont prévues en Algérie, vendredi 8 mars, pour la troisième semaine successive. Les manifestations coïncident avec la célébration du 8-Mars, Journée internationale des droits des femmes qui devraient être nombreuses dans les cortèges, prévus pour s’ébranler dans de nombreuses villes en début d’après-midi, après la grande prière hebdomadaire.

Dans le centre d’Alger, les rues sont désertes et la plupart des commerces fermés, vendredi étant le premier jour de week-end en Algérie. Plusieurs véhicules antiémeute, dont un canon à eau, sont disposés près des lieux de rassemblements habituels des manifestants et l’hélicoptère qui survole Alger à chaque manifestation bourdonne déjà dans le ciel.

Lors des précédentes manifestations, à l’exception de quelques heurts localisés en fin de rassemblements à Alger entre petits groupes de casseurs et policiers, les cortèges ont été pacifiques et se sont déroulés sans incident.

Mise en garde d’Abdelaziz Bouteflika

Jeudi, Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, hospitalisé en Suisse depuis plus de dix jours et dont le retour en Algérie n’a toujours pas été annoncé, a appelé à la vigilance contre une possible infiltration du mouvement de contestation contre sa candidature à un cinquième mandat par une « quelconque partie insidieuse, de l’intérieur ou de l’extérieur », susceptible de provoquer le chaos.

En creux, le chef de l’Etat réaffirme qu’il n’entend pas renoncer à briguer un 5e mandat lors de la présidentielle du 18 avril. Mais la rue algérienne ne semble pas prête à céder, malgré les rappels du chef de l’Etat, présenté par ses partisans comme le garant de la paix, sur la « tragédie nationale » de la décennie de guerre civile et la déferlante du printemps arabe.

Appels à manifester pacifiquement

Sur les réseaux sociaux, des messages appelant à une mobilisation massive à travers les grandes villes d’Algérie se sont répandus ces derniers jours. Circulent également les « 18 commandements des marcheurs du 8 mars » rappelant le caractère pacifique de la contestation et appelant les manifestants à faire de vendredi « un jour de fête » et à se munir « d’amour, de foi, de drapeaux algériens et de roses ».

A Alger s’organisent également sur les réseaux sociaux des groupes de « brassards verts », volontaires qui s’occuperont d’orienter et encadrer les marcheurs, de prévenir les risques de bousculades, d’apporter les premiers soins éventuels, notamment en cas de projection de gaz lacrymogènes et de nettoyer les rues à l’issue de la manifestation.

Dans certains quartiers périphériques de la capitale, des propriétaires de véhicules ont organisé des navettes pour transporter ceux qui veulent manifester dans le centre-ville, alors que selon les réseaux sociaux une partie des lignes de métro et de tramway ne fonctionnaient pas vendredi matin.

Notre sélection d’articles pour comprendre la contestation en Algérie

Depuis le 22 février, le mouvement de protestation le plus important des deux dernières décennies en Algérie a poussé des dizaines de milliers de personnes dans les rues pour exprimer leur opposition à un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, avant l’élection présidentielle prévue le 18 avril.

Retrouvez ci-dessous les contenus de référence publiés par Le Monde pour comprendre la crise qui traverse le pays :

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