Arte, vendredi 8 mars à 22 h 30, documentaire

Avouer que l’on aime écouter les Carpenters lorsque l’on est un jeune Américain au début des années 1970 s’apparente à un crime de lèse-rock’n’roll. Ils étaient pourtant très nombreux à se laisser bercer par les mélodies efficaces du duo Richard et Karen Carpenter, frère et sœur à la ville, souriants et propres sur eux, idoles idéales d’une Amérique blanche et chrétienne. Un duo apprécié par le président Nixon (« Ils incarnent le meilleur de la jeunesse américaine ! »), délivrant une pop sage pour une époque qui ne l’était pas.

Si Richard, admis en musicologie à l’université Yale dès ses 16 ans, est un compositeur doué, le vrai atout des Carpenters est la voix de Karen. A la fois douce et puissante, elle impressionnera de nombreuses vedettes dont Paul McCartney et Madonna. « Elle chantait comme si elle avait eu mille vies ! », résume John Bettis, parolier des Carpenters et ami proche. Un autre témoin se rappelle : « Lorsque Karen chantait, cela avait l’air facile, posé et cool… Ils n’étaient pas du tout rock’n’roll, mais le grand public les adorait ! » En témoignent les millions de disques vendus et les tubes planétaires (dont We’ve Only Just Begun, Rainy Days and Mondays ou le mythique Top of the World en 1973).

Anorexie sévère

Consacré au destin tragique de Karen Carpenter, souffrant d’anorexie sévère et morte à l’âge de 32 ans des suites d’un arrêt cardiaque alors qu’elle ne pesait plus que 38 kg, ce numéro de la série documentaire Trop jeune pour mourir permet de replonger dans l’Amérique des années 1960-1970. Et de (ré)écouter la voix incroyable de cette jeune fille au look banal, née en 1950, dans le Connecticut, qui était aussi l’une des rares batteuses de sa génération. Pas une batteuse de pacotille, mais une vraie swingueuse donnant rythme et muscle aux chansons du duo.

Ne supportant pas la célébrité et ses contraintes, Karen Carpenter souffrira d’anorexie dès le début des années 1970. En 1975, épuisée et pesant 40 kg, elle s’effondre. Sous traitement, elle tentera ensuite, sans succès, d’enregistrer un disque solo. Puis, après un mariage avec un escroc, elle suivra un nouveau traitement à New York avant de retourner chez ses parents dans la banlieue de Los Angeles. C’est là que le 4 février 1983 elle sera retrouvée morte.

Karen Carpenter, vivre à côté de sa vie, de Jobst Knigge (All., 2018, 55 min). www.arte.tv/fr/videos/079447-002-A/trop-jeune-pour-mourir-karen-carpenter