En 1996, Aissa Doumara a cofondé une antenne de l’Association de lutte contre les violences faites aux femmes (AVLF) à Marouan, une ville de la région Extrême-Nord du pays. / LUDOVIC MARIN / AFP

Emmanuel Macron a remis, vendredi 8 mars, le premier prix Simone-Veil à la Camerounaise Aissa Doumara Ngatansou, militante de la cause des femmes, notamment des survivantes de Boko Haram.

Ce prix, remis à l’occasion de la 42Journée internationale des droits des femmes, a été créé par le chef de l’Etat en hommage à l’ancienne ministre Simone Veil, morte en 2017, qui a défendu la loi de 1975 sur la légalisation de l’IVG en France. Il est doté de 100 000 euros. Ce prix « de la République française pour l’égalité femmes-hommes » est appelé à distinguer chaque année une personnalité ou un collectif contribuant à faire avancer la cause des femmes dans le monde.

Née en 1972, originaire du nord du Cameroun, Aissa Doumara Ngatansou a été mariée sans son consentement à l’âge de 15 ans et a poursuivi malgré l’opposition de sa belle-famille ses études jusqu’à la fin du cycle secondaire. En 1996, cette activiste, mère de trois enfants, a cofondé une antenne de l’Association de lutte contre les violences faites aux femmes (AVLF) à Marouan, une ville de la région Extrême-Nord du pays.

Ce prix « pour moi, c’est une interpellation à suivre les pas [de Simone Veil] et à transmettre notre héritage commun pour la cause des femmes aux générations futures qui doivent continuer la chaîne de défense des droits des femmes et des filles », a déclaré Aissa Doumara en recevant son prix.

« Ce que nous faisons tous les jours, c’est de redonner goût à la vie, de restaurer tous les pouvoirs que [les femmes] ont perdus », a-t-elle ajouté. « A toutes ces survivantes, les rescapées de Boko Haram, les femmes et les filles du monde entier, je dédie ce beau prix. » Plus de mille femmes, survivantes de viols et de mariages forcés, bénéficient de l’action de l’ALVF chaque année, selon l’Elysée.

« Votre combat contre les mariages forcés et précoces, contre les violences sexuelles faites aux femmes, est un engagement de plus de vingt ans au service des femmes dans une région où l’aide que vous leur apportez est bien souvent une question de survie », a déclaré Emmanuel Macron devant un immense portrait en noir et blanc de Simone Veil.

Priorité du quinquennat

Le président de la République a fait de la question de l’égalité entre les femmes et les hommes la « grande cause nationale » de son quinquennat, dotant le secrétariat d’Etat à l’égalité femmes-hommes d’un budget global de 530 millions d’euros pour 2019, un « record », souligne-t-on à l’Elysée.

Portée par Marlène Schiappa, une loi renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes a été adoptée en août 2018, créant entre autres un « outrage sexiste » pour réprimer le « harcèlement de rue » et allongeant le délai de prescription pour les violences sexuelles commises sur les mineurs. Un fonds de 120 millions d’euros par an a également été créé pour soutenir les « mouvements pour l’égalité femmes-hommes et féministes, notamment du Sud ».