Marcel Campion, le 21 mars 2018, à Pontault-Combault (Seine-et-Marne). / PHILIPPE LOPEZ / AFP

Michel Gérès, le maire de Croissy-Beaubourg (Seine-et-Marne), l’admet volontiers : quand son ami Marcel Campion lui a dévoilé son intention de se lancer, à 79 ans, dans la bataille pour les municipales à Paris, il a pris cela pour un mouvement d’humeur. Un projet lancé sous le coup de la colère contre Anne Hidalgo, la maire qui a privé le « roi des manèges » de sa grande roue sur la place de la Concorde.

« J’ai cru à un coup de bluff, reconnaît Michel Gérès. Mais ce n’en était pas un. Marcel n’est pas le genre d’homme à renoncer. »

Pour preuve : six mois plus tard, Marcel Campion devait inaugurer, vendredi 8 mars, son local de campagne, ouvre un site Internet – « Paris libéré » – et annonce la création d’une association de soutien, Les Amis de Marcel. Elle sera présidée par Michel Gérès, 70 ans, et pourrait compter quelques grognards de la droite, comme le journaliste André Bercoff ou l’ancien homme clé de la Mairie de Paris sous Jacques Chirac, Bernard Bled. Sans en faire partie, l’ancien ministre Alain Madelin regarde avec bienveillance l’initiative du forain, « un vrai ami, gouailleur, représentant d’une France qui n’existe plus ».

Quant à Bernard Segarra, ex-journaliste et ex-chargé de mission à l’Elysée du temps de Valéry Giscard d’Estaing, il fera office de directeur de campagne. Il auditionne actuellement de possibles candidats pour chacune des dix-sept mairies d’arrondissement. Marcel Campion a posé ses conditions : « Je veux des gens entreprenants, qui n’aient jamais fait de politique ni jamais fait faillite. » Pierre-Jean Chalençon, grand collectionneur de souvenirs de Napoléon, devrait être tête de liste dans le nouveau secteur regroupant les quatre premiers arrondissements.

« On va faire le job comme si on voulait être élu »

Ces vieux de la vieille ont-ils la moindre chance de réussir ? « Je suis lucide, répond Bernard Segarra. Mais on va faire le job comme si on voulait être élu et que Marcel se retrouve dans le fauteuil de maire. » Une candidature « comme si », donc. Histoire de mettre des bâtons dans les roues d’Anne Hidalgo, que Marcel Campion avait pourtant activement soutenue en 2014 – « l’erreur de ma vie », regrette-t-il. Histoire aussi de faire entendre la voix des Parisiens « à la Gabin » qui pestent comme lui contre la saleté des rues, la fermeture des voies sur berge aux automobiles, et les écologistes : « Il faut qu’ils arrêtent de croire qu’on va cueillir des coquelicots au bord des trottoirs ! » L’entrepreneur a aussi un œil sur les finances de la ville. « Il faut comprendre ce qui s’est passé pour avoir presque 8 milliards d’euros de dettes. Est-ce que Mme Hidalgo a acheté un autre Paris à côté de Paris ? »

Le vieux forain assure en revanche n’avoir rien contre les homosexuels. En janvier 2018, il avait pourtant évoqué en ces termes Bruno Julliard, l’ancien premier adjoint d’Anne Hidalgo : « Comme il était un peu de la jaquette, il a rencontré Delanoë, ils ont fait leurs folies ensemble et premier adjoint, paf ! », avait-il déclaré en petit comité… mais sous l’œil d’une caméra. Depuis, Bruno Julliard a porté plainte, et Marcel Campion a été entendu deux fois par la police, avant un éventuel procès.

« Je le redis : cette petite équipe qui agissait contre moi à la mairie, c’était des pervers, assume-t-il. Mais cela ne vise absolument pas tous les homos. Il y en a toujours eu autour de moi, j’en ai aidé, et je continue à le faire. Le 28 juin, on refait d’ailleurs une soirée LGBT dans les jardins des Tuileries. »

Pour faire passer le message, le forain a donné une longue interview à « Garçon Magazine ». En attendant le bulletin municipal de Paris, voici Marcel Campion en couverture d’un journal gay. Inattendu !