Les surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe sont mobilisés depuis mardi, à la suite d’une attaque terroriste dans l’établissement. / JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Quatre jours après l’attaque terroriste d’un détenu radicalisé blessant grièvement deux gardiens, la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne) est toujours bloquée par les surveillants pénitentiaires, samedi 9 mars. Une petite centaine de manifestants se sont à nouveau positionnés devant le bâtiment à partir de 5 heures du matin, a fait savoir à l’Agence France-Presse Emmanuel Guimaraes, délégué national FO-Pénitentiaire.

« Nous avons des collèges venus d’Argentan et du Mans et nous attendons au cours du week-end des collègues d’un peu plus loin, Poitiers, Paris, Beauvais », a précisé le syndicaliste, ajoutant que les parloirs de la journée seraient annulés. Devant l’entrée, des canapés, des palettes, ainsi que de vieux sommiers et des matelas ont été installés. Les surveillants ont également brûlé des palettes pour se protéger du froid. « Plus ça va et plus on s’installe dans la durée, la volonté des collègues est de continuer le blocage », explique M. Guimaraes.

Rencontre prévue avec Nicole Belloubet

L’agression – qualifiée de « terroriste » par la ministre de la justice, Nicole Belloubet –, de deux gardiens par Michaël Cholio et sa compagne, Hanane Aboulhana, semble avoir réveillé de nombreuses revendications chez les « matons ». Qu’elles soient salariales ou concernent les embauches et les conditions de travail. Ces derniers jours des blocages ont également eu lieu dans plusieurs établissements pénitentiaires, comme à Fleury-Mérogis (Essonne), à Seysses (Haute-Garonne), à Perpignan, ou encore aux Baumettes, à Marseille. Mais la prison de Condé-sur-Sarthe reste la dernière à être encore bloquée samedi.

Vendredi les forces de l’ordre étaient intervenues, faisant usage de gaz lacrymogène, pour acheminer de la nourriture dans l’établissement et faire passer des officiers ainsi que des élèves surveillants. Elles ne sont pas réintervenues depuis. Une rencontre est prévue lundi entre la direction de l’administration pénitentiaire et les représentants des organisations syndicales représentatives, puis jeudi avec Mme Belloubet.

En janvier 2018, un vaste mouvement de trois semaines avait également succédé à l’agression par un détenu djihadiste de trois surveillants de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), prison la plus sécurisée de France avec celle de Condé-sur-Sarthe.

Or selon Emmanuel Giraud, responsable SNP-FO pour la Nouvelle-Aquitaine, « rien n’a changé en termes de sécurité et de conditions de travail » depuis la mobilisation de 2018.

« On demande plus de personnel, des revalorisations salariales qui faciliteraient les recrutements. On demande des établissements dédiés pour les détenus radicalisés et violents et pour les individus dangereux que l’on continue à disséminer un peu partout. »