Manifestation à Oran, le 8 mars. / - / AFP

Les appels à une mobilisation massive à travers l’Algérie s’étaient multipliés ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Ils ont été très suivis vendredi 8 mars : comme dans la capitale, les Algériens sont sortis par dizaines de milliers dans les principales villes de province, pour dire non à un cinquième mandat du chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, 82 ans. Les citoyens ont fait peu de cas du message que leur avait adressé la veille le président, hospitalisé à Genève depuis plus de dix jours et dont le retour au pays n’a toujours pas été annoncé.

Il y était question de vigilance contre une possible infiltration du mouvement de contestation par une « quelconque partie insidieuse, de l’intérieur ou de l’extérieur », susceptible de provoquer le « chaos ». Les manifestants ont répondu à cette mise en garde par des défilés géants, joyeux et pacifiques. Si des heurts localisés ont opposé des pjeunes et les policiers à Alger, aucun incident n’a été signalé dans les autres villes du pays.

Sur Internet avaient notamment circulé les « dix-huit commandements des marcheurs du 8 mars », rappelant le caractère pacifique de la contestation et appelant à faire de ce vendredi « un jour de fête » et à se munir « d’amour, de foi, de drapeaux algériens et de roses ». Parmi ces commandements écrits par le poète et écrivain Lazhari Labter, on pouvait lire : « Pacifiquement et tranquillement je marcherai », « à aucune provocation je ne répondrai », « pas une pierre je ne jetterai », « après la marche (…) je nettoierai ». Consignes suivies à la lettre par la foule dans les villes de province.

A Oran (ouest) et Constantine (est), respectivement deuxième et troisième ville du pays, la mobilisation était très supérieure à celle des deux vendredis précédents. « Toute la ville est sortie, c’est du jamais-vu », a rapporté un journaliste en poste à Oran, confirmant qu’énormément de femmes étaient présentes dans les cortèges : pratiquement la moitié des manifestants, selon lui.

A Constantine aussi, « il y a [eu] une très grosse mobilisation » et « beaucoup plus de monde » que les 22 février et 1er mars, selon un journaliste sur place. Les manifestants ont défilé dans une ambiance bon enfant.

La mobilisation était également qualifiée d’« impressionnante » à Annaba (est), quatrième ville du pays, et à Béjaïa, en Kabylie (nord). Des sources sécuritaires ont signalé des marches à Tizi-Ouzou, autre ville de Kabylie, Tiaret et Mascara (nord-ouest), Ghardaïa (centre), M’Sila (nord), Sidi Bel Abbès et Tlemcen (nord-ouest).

Aucun chiffre officiel n’a été avancé pour cette journée de mobilisation, mais les estimations des médias locaux confirment toutes la présence de centaines de milliers de personnes à travers toute l’Algérie.