A Bordeaux cette saison, l’animation vient surtout du banc de touche. Eliminés de toutes les coupes, englués dans le ventre mou de la Ligue 1 (13e), les Girondins captent surtout l’attention médiatique par leurs changements d’entraîneurs. Nommé ce 8 mars, le Portugais Paulo Sousa succède au Brésilien Ricardo, qui lui-même avait remplacé, le 5 septembre 2018, l’Uruguayen Gustavo Poyet, viré avec pertes et fracas juste avant.

Faute de diplômes nécessaires en France, Ricardo occupait officiellement le poste de manager général et laissait les conférences de presse et les matchs à Eric Bedouet, l’éternel intérimaire du club depuis 2005.

Si Poyet et Ricardo étaient des choix de l’ancien propriétaire, le groupe M6, Paulo Sousa est bien celui du fonds d’investissement américain GAPC (General American Capital Partners) à la tête du club aux six titres de champions de France depuis fin octobre 2018 officiellement. « Quand les choses ne vont pas bien, il faut redoubler de motivation. Et aussi changer, parfois… », a expliqué à L’Equipe Joe DaGrosa, le patron de GAPC, au moment de remercier Ricardo.

Avec la langue, Paulo Sousa (48 ans) partage un autre point commun avec l’ancien défenseur brésilien : une très belle carrière de joueur. International à 51 reprises entre 1991 et 2002, Paulo Sousa n’a toutefois jamais goûté à la victoire avec la « génération dorée » du football portugais, celle de Luis Figo et Rui Costa.

Son palmarès en club parle pour lui en revanche. Vainqueur de la Ligue des champions avec la Juventus Turin en 1995 et avec le Borussia Dortmund l’année suivante, Sousa a laissé l’image d’un milieu de terrain à la technique raffinée et à l’élégance naturelle.

Paulo Sousa avec les cheveux longs, époque Borussia Dortmund. / TOSHIFUMI KITAMURA / AFP

Aujourd’hui, le natif de Viseu porte les cheveux moins longs et moins bruns mais garde une certaine prestance dans son costume cravate. Mais un coup d’œil rapide sur son CV d’entraîneur montre d’abord une instabilité chronique.

En onze ans de carrière, le Portugais a vu du pays. Six pour être précis. Queens Park Rangers, Swansea, Leicester (Angleterre), Videoton (Hongrie), le Maccabi Tel-Aviv (Israël), Bâle (Suisse), la Fiorentina (Italie), Tianjin Quanjian (Chine), Sousa ne s’est jamais éternisé plus de deux saisons dans un club.

« Aucun problème à aller dans des ligues moins réputées »

Rassurons les supporteurs des Girondins, leur nouvel entraîneur n’a pas fait qu’accumuler les miles. Champion avec le Maccabi (2014) et le FC Bâle (2015), il a parfois gagné et imposé ses idées en peu de temps.

« Je n’ai aucun problème à aller dans des ligues moins réputées, assurait-il au Guardian, en 2014. Pour un entraîneur, il est important d’avoir du succès partout parce que cela valide ses méthodes et son approche. Les victoires créent une atmosphère positive. »

Comme lors de ses débuts avec la Fiorentina en 2015. Après onze journées, le club de Florence occupait la tête du championnat italien et Paulo Sousa avait été adopté par des supporteurs qui lui reprochaient, quelques semaines plus tôt, son passé d’ancien joueur de la Juve. « La Viola » finira la saison à une belle 5e place, le second exercice sera plus anecdotique (8e).

Sousa allait ensuite surprendre son monde en acceptant la proposition et les yuans de Tianjin pour rejoindre la Super League chinoise. L’expérience se révélera mitigée sportivement, mais le Portugais assume ce pas de côté. « Tianjin était le troisième club chinois à me contacter. J’ai fini par accepter car j’avais besoin de travailler pour pouvoir conserver le staff technique que j’ai constitué autour de moi et que j’apprécie beaucoup », justifie-t-il en novembre 2018 dans un entretien pour RTP, la chaîne dont il a été longtemps été le consultant lors des matchs de la sélection portugaise.

Présenté comme un meneur d’hommes, Paulo Sousa est un adepte du 4-4-2 et de la possession de balle. « J’aime que mon équipe impose son jeu », explique celui qui devrait amener dans ses bagages un adjoint (Victor Sanchez Llado), un préparateur physique (Nacho Torreño) et peut-être deux autres personnes.

Clin d’œil du calendrier, le Portugais découvrira la Ligue 1 face au Monaco de son compatriote Leonardo Jardim. Remercié puis rappelé par le club de la Principauté en l’espace de trois mois et demi, ce dernier pourra lui expliquer que la vie d’un entraîneur en Ligue 1 est loin d’être un long fleuve tranquille.