"Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Eglise", sur Arte.tv jusqu'au 5 mai. / CAPTURE D'ECRAN / DREAM WAY PRODUCTIONS

LES CHOIX DE LA MATINALE

Sur les écrans, c’est une parole libérée qui s’affiche. Une parole douloureuse pour les religieuses abusées par des prêtres ; une parole tumultueuse dans un « Droit de réponse » de 1982, où « tout le monde a le droit de parler, même ceux qui n’ont rien à dire » ; la parole décalée d’un mathématicien et député devant un dessin animé ; la parole d’une femme contemporaine, Sandrine Kiberlain, actrice et mère.

« Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Eglise »

Quelque 1,48 million de téléspectateurs ont regardé « Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Eglise », mardi 5 mars sur Arte – un record d’audience pour un documentaire.

Alors que les révélations sur la pédophilie dans l’Eglise se succèdent depuis 2016, et que le pape François a clos une semaine de débats fin février sur les abus sexuels sur mineurs, cette nouvelle « affaire » a suscité intérêt et émois.

L’enquête menée durant deux ans par Elizabeth Drévillon, Marie-Pierre Raimbault et Eric Quintin va bien au-delà de la dénonciation des sévices endurés par les religieuses, pour dénoncer la responsabilité du Vatican dans la protection des prêtres violeurs. Deux religieuses témoignent ainsi des sévisses qu’elles ont subis de la part du père Thomas, de l’emprise sans limite qu’il exerçait sur les jeunes filles, comment il a abusé de son autorité pour assouvir ses pulsions, et du trouble, au-delà du viol. Car « dénoncer un prêtre, c’est dénoncer l’Eglise », résume Cécilia, une des victimes.

Le documentaire impute au pontificat de Jean Paul II d’avoir favorisé la culture de l’impunité en minimisant systématiquement les accusations. Le summum est atteint lorsqu’une religieuse tombe enceinte : faut-il la bannir, la convaincre d’avorter ou « d’offrir son enfant à Dieu », c’est-à-dire de l’abandonner ?

« Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Eglise » (France, 2018, 96 min). En replay sur Arte.tv jusqu’au 5 mai.

Rembob’INA, « Droit de réponse » (1982) : Charlie Hebdo

Quatre ans après l’attentat du 7 janvier 2015 contre le journal satirique Charlie Hebdo, Patrick Cohen revient dans Rembob’INA sur « Droit de réponse », émission imposée par le pouvoir socialiste en 1981, accusée d’être une « télé foutoir » tant elle pouvait échapper au contrôle de son animateur Michel Polac, mais capable dans les années 1980 de maintenir éveillée jusque tard en soirée une grande partie de la France, soit irritée soit enthousiaste.

Le 2 janvier 1982, Michel Polac recevait les piliers d’un Charlie Hebdo qui venait de mettre la clé sous la porte après douze ans d’existence – avant de renaître en 1992. Dans le décor d’une arrière-salle enfumée, le professeur Choron, Cavana, mais aussi le chanteur Renaud, Serge Gainsbourg, l’humoriste Pierre Desproges, les journalistes Dominique Jamet et Jean-François Kahn (à nouveau présent sur le plateau de Rembob’INA plus de trente ans après) et des lycéens… qui ne lisent pas Charlie. Un plateau détonnant à souhait.

Certaines répliques sont devenues cultes comme celle de Renaud aux jeunes : « L’expression fils de cons veut plus rien dire. Maintenant c’est parents de cons. » Des lycéens invités par Polac « parce que tout le monde a le droit de parler, même ceux qui n’ont rien à dire ». Ce qui n’empêchera pas Choron de qualifier ces jeunes qui hésitent entre lire Molière et L’Huma de « trous du cul » et de « cons ».

Rembob'INA Droit de réponse du 2 janvier 1982 : la disparition de Charlie Hebdo, présenté par Patrick Cohen (2 heures). En replay sur Lcp.fr.

Rêveries douces à Tchi Tcha

En ouverture du magazine du cinéma « Tchi Tcha » de Canal+, la Séquence du spectateur convie chaque semaine une personnalité à commenter un film de son choix. Classique.

Quand l’invité est le mathématicien, médaille Field (équivalent au prix Nobel pour les maths) et député (La République en marche) de l’Essonne Cédric Villani, on tend l’oreille. Quand on apprend qu’il a choisi Le Voyage de Chihiro, de Hayao Miyazaki, Ours d’or 2002 et Oscar du meilleur film d’animation 2003, on écoute.

A l’instar du réalisateur japonais, l’homme à la lavallière pourpre manie avec aisance l’art de l’analogie. Surtout lorsque l’héroïne pour ne pas disparaître, intègre une équipe d’arachnides laborieuses. Ou le travail comme « moyen de se réaliser. » – CQFD !

Dans la séquence suivante, peu de certitudes en revanche de la part de l’actrice Sandrine Kiberlain, qui incarne une mère « trop » – « trop tout » – dans Mon bébé, film de Lisa Azuelos qui sort le 13 mars. Juste quelques « je ne sais pas » pour celle qui interprète une mère de famille désemparée lorsque sa fille quitte le nid familial. Un rôle pas vraiment de composition puisque sa fille, Suzanne, aura 19 ans cette année.

« La Séquence du spectateur », présenté par Arthur Dreyfus, extrait de « Tchi Tcha », présenté par Laurie Cholewa, en replay sur Mycanal.fr.