Le président du Nicaragua Daniel Ortega à Managua, le 5 septembre 2018. / OSWALDO RIVAS / REUTERS

Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, a proposé samedi 9 mars de libérer des prisonniers politiques tout en réitérant son refus d’élections anticipées, alors que le dialogue engagé fin février avec l’opposition est dans l’impasse après le retrait du processus vendredi des évêques catholiques.

Une grave crise politique secoue ce petit pays centraméricain depuis l’année dernière, avec plus de 325 morts lors de manifestations antigouvernementales et une récession économique.

Le président s’est prononcé samedi après huit journées de réunions entre ses représentants et l’opposition lors desquelles le pouvoir n’avait formulé aucune proposition, ce qui a provoqué des doutes sur ses réelles intentions dans ce dialogue.

Emprisonnements et exils

A propos de la libération des prisonniers politiques, le communiqué assure qu’il concernerait ceux « qui n’ont pas encore été jugés ». Pour ceux qui l’ont déjà été, « leur dossier sera réexaminé » afin de ne pas générer d’« impunité ».

Plus de 700 personnes ont été incarcérées depuis le déclenchement de la crise, le 18 avril 2018, au cours de manifestations contre le gouvernement de l’ex-guérillero sandiniste. Une centaine d’entre elles sont passées aux arrêts domiciliaires le 27 avril, au premier jour du processus de dialogue. Par ailleurs, des dizaines de milliers de Nicaraguayens se sont exilés ces derniers mois.

La libération de tous les prisonniers politiques, le rétablissement des libertés publiques, la réforme de la loi électorale et des élections anticipées figurent en tête des revendications de l’opposition, qui accuse Daniel Ortega, 73 ans, d’avoir instauré une dictature. Le gouvernement a répété samedi qu’il ne convoquerait pas d’élections anticipées « étant donné que les élections présidentielles et législatives sont prévues pour 2021 ».

L’Organisation des Etats américains appelée en renfort

La plateforme d’opposition Alliance civique pour la Justice et la Démocratie (ACJD), qui rassemble entreprises, société civile, paysans et étudiants, avait annoncé vendredi reconsidérer sa participation au dialogue à la suite du refus des évêques de s’asseoir à la table de négociation.

Afin de sauver le processus de négociation, le gouvernement a également annoncé samedi qu’il sollicitait l’Organisation des Etats américains (OEA), dans un communiqué conjoint aux deux entités. L’OEA enverra lundi au Nicaragua un représentant, Luis Angel Rosadilla, pour analyser avec « les acteurs » des négociations une éventuelle participation de l’organisation continentale dans le processus.

L’ACJD avait requis la présence de l’OEA et des Nations unies comme garants du processus pour que les éventuels accords issus des négociations soient respectés. Le gouvernement s’y était jusqu’à ce samedi toujours opposé.