Contrairement à ce que pourrait laisser croire cette photo de l’essai inscrit par Jonathan Sexton,  les Irlandais n’étaient pas tout seuls sur le terrain ! / PAUL FAITH / AFP

Le score final, 26-14, ne dit pas tout. L’équipe de France de rugby a certes échappé à l’humiliation d’un score vierge face à l’Irlande, dimanche 10 mars à Dublin, en inscrivant deux essais dans les toutes dernières minutes du match. Mais cet ultime sursaut ne pourra pas faire oublier le martyr qui aura été le sien durant ce match de la quatrième et avant-dernière journée du Tournoi des six nations.

Car, si l’on pensait que les Français avaient touché le fond lors de leur débâcle (44-8) à Twickenham face aux Anglais, le 10 février, et qu’ils pouvaient espérer retrouver quelques couleurs après leur victoire contre l’Ecosse (27-10), le 23 février, ce match contre le XV au trèfle s’est traduit par une sévère leçon de rugby.

La rencontre a été à sens unique. Les Irlandais ont mis la main sur la rencontre dès le coup d’envoi et n’ont plus vraiment relâché la pression. En tout cas pas pendant une première mi-temps qu’ils ont largement dominée, s’installant dans le camp français sans jamais en sortir - ou si peu.

« On n’a jamais eu la possession du ballon », a d’ailleurs reconnu, fataliste, le sélectionneur français, Jacques Brunel à la fin de cette première période.

Acculés pendant une mi-temps

Un premier essai, inscrit dès la 3e minute par le talonneur et capitaine irlandais Rory Best, a pris les Français à la gorge. L’Irlande n’a plus, ensuite, relâché son étau, s’imposant physiquement, jouant de sa vitesse et du jeu au pied.

Face à cette pression, les Français n’ont jamais été en mesure de développer du jeu, se retrouvant acculés en défense, cantonnés au mieux dans leurs 40 mètres mais la plupart du temps dans leurs 22 mètres.

Sous les vagues d’assaut irlandaises, la défense française a résisté un petit moment, avant de craquer, les Irlandais inscrivant des essais à la 30e (par leur demi d’ouverture Jonathan Sexton), puis à la 37e minute par le troisième ligne Jack Conan à la suite d’une perte de ballon française dans les 22 mètres.

Le score à la mi-temps (19-0) aurait pu être encore plus lourd, puisqu’un essai marqué par les Irlandais a été refusé pour un en-avant après visionnage vidéo : une chandelle de Jonathan Sexton avait « troué » la défense française, pourtant prévenue, avant ce match, qu’elle allait devoir subir ce type de coup de pied.

Deuxième période un peu plus équilibrée

Si le début de deuxième période a été plus « équilibré », les Français se retrouvant en situation de développer un peu de jeu, ces derniers ont toutefois perdu plusieurs ballons en attaque. Et les Irlandais n’ont pas tardé à remettre leurs adversaires sous pression, revenant dans les 22 mètres des Bleus.

Face à cette machine irlandaise remise en branle, les Français ont cédé à nouveau à la 56e minute (essai du trois-quart centre Ketih Earls), concédant alors un 26-0.

Yoann Huget (77e minute) puis Camille Chat (80e+2) en inscrivant deux essais ont permis aux Bleus de sauver l’honneur et d’éviter tout à la fois d’encaisser la plus large défaite de leur histoire contre l’Irlande (24 à 0 à Dublin en 1913) et de sortir fanny d’un match du Tournoi pour la première fois depuis 1990 (21 à 0 en Ecosse).

Toujours à la recherche des clés

Si le XV de France avait pu entrevoir quelques espoirs après sa victoire contre l’Ecosse (diminuée par les blessures), cette défaite sévère contre l’Irlande, et tout particulièrement sa première mi-temps inexistante, le renvoie à ses interrogations.

« On va voir si on est costauds défensivement et solides dans les têtes. Ensuite, j’espère qu’on pourra être très dangereux sur les munitions qu’on aura et qu’on se donnera les moyens de marquer des essais », avait déclaré, avant le match, le capitaine des Bleus, Guilhem Guirado.

Cela n’a pas été le cas en ce qui concerne le premier point. Quant au second point, jamais les Bleus n’ont été réellement en mesure d’exister, ne parvenant pas à se défaire de l’emprise du XV irlandais.

A six mois de la Coupe du monde au Japon (20 septembre-2 novembre), l’équipe de France sait qu’elle se situe encore loin des meilleures nations. L’Irlande n’est, par exemple, pas la deuxième meilleure équipe mondiale pour rien, quand la France se situe désormais au 8e rang. Les Bleus sont toujours à le recherche des clés pour y remédier.