Clémentine Margaine dans « Carmen », de Bizet, en février 2017, dans la mise en scène de Calixto Bieito. / VINCENT PONTET / ONP

LA LISTE DE LA MATINALE

Un vent fou venu d’Espagne souffle sur le printemps. C’est Ravel et sa coquine Heure espagnole qui affole les horloges des villes de province, le peintre Pablo Picasso qui convoque poètes et compositeurs au Musée de l’armée des Invalides où il tient exposition, tandis qu’Antonio Soler compose pour son élève, l’infant Gabriel de Bourbon. Quant à l’incandescente Carmen de Bizet, elle est de retour dans la version trash et survoltée du metteur en scène Calixto Bieito à l’Opéra Bastille, avant la Tragédie de Carmen plus proche de l’âpre nouvelle de Mérimée, dont l’Opéra de Compiègne porte une nouvelle production.

« L’Heure espagnole », de Ravel en tournée avec Les Siècles, du 13 au 19 mars

Couverture de la partition d’orchestre de « L’Heure espganole », de Maurice Ravel. / DR

Qualifiée de « vaudeville pornographique », L’Heure espagnole concilie deux passions chez Ravel : l’Espagne et la mécanique de précision. La volage Concepcion rappelle à son Torquemada de mari qu’il est temps pour lui d’aller régler les horloges de la ville, déclenchant l’arrivée de son amant Gonzalve. Mais le muletier Ramiro a décidé de venir faire réparer sa montre. Humour et burlesque émaillent cette partition brillante aux harmonies et orchestrations insolites, savoureuse métaphore horlogère de l’amour.

« L’Heure espagnole » de Ravel. Avec Isabelle Druet, Thomas Dolié, Loïc Félix, Julien Behr, Tomislav Lavoie, Les Siècles, François-Xavier Roth (direction). En tournée : Grand Théâtre de Provence, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), le 13 mars, à 20 heures ; MC2 de Grenoble (Isère), le 14 mars, à 19 h 30 ; La Grange au Lac d’Evian (Haute-Savoie), le 16 mars, à 20 heures ; Cité de la musique, à Soissons (Aisne), le 19 mars, à 20 heures.

Picasso en musique, au Musée de l’armée des Invalides, à Paris, du 4 avril au 17 juin

Arriaga: String Quartet No.3 in E flat major (4/4)
Durée : 06:48

Dernier cycle de la saison musicale de l’Hôtel national des Invalides, à Paris, « L’Heure espagnole » propose une dizaine de concerts en marge de l’exposition Picasso et la guerre.

Une mise en orbite sonore autour du peintre espagnol, familier de Satie, Stravinski, Falla, Granados, Albeniz et Poulenc, mais aussi des poètes Jean Cocteau, Max Jacob, Paul Eluard ou Guillaume Apollinaire.

Musiciens français et espagnols sont évidemment de la partie, des pianistes Luis Fernando Perez et Joaquin Achucarro, Michel Béroff, Anne Queffélec et Gaspard Dehaene au ténor Cyrille Dubois en passant par le violoncelliste Lluis Claret, la guitariste Margot Fontana, le Cuarteto Quiroga et l’Orchestre symphonique de la Garde républicaine.

Musée de l’armée, 129 rue de Grenelle, Paris 7e. Grand Salon et Cathédrale Saint-Louis. Du 4 avril au 17 juin. Tél. : 01-44-42-54-66. De 4,50 € à 40 €.

« Carmen » reprend l’Opéra Bastille, à Paris, du 11 avril au 23 mai

Clémentine Margaine dans « Carmen », de Bizet, en février 2017, dans la mise en scène de Calixto Bieito. / VINCENT PONTET / ONP

La production de Carmen de Bizet par Calixto Bieito a fait couler beaucoup d’encre. Créée en 1999 à Peralada, en Espagne, cette « Carmen des temps modernes » a fait le tour du monde – Bâle, Barcelone, Boston, Londres, Oslo, Palerme, San Francisco, Turin, Venise… – avant de débarquer en 2017 à l’Opéra de Paris où elle revient du 11 avril au 23 mai.

Sexe, violence et argent sale, la vision décapante du Catalan, un spectacle au sang chaud où tout se règle comptant, devrait une nouvelle fois susciter agacement et enthousiasme. Mais la distribution mettra sans doute tout le monde d’accord, à commencer par l’inoxydable Don José de Roberto Alagna.

« Carmen », de Bizet. Avec Roberto Alagna, Anita Rachvelishvili, Roberto Tagliavini, Orchestre et Chœur de l’Opéra de Paris, Lorenzo Viotti (direction). Opéra Bastille, 120 rue de Lyon, Paris 12e. Du 11 avril au 23 mai. Tél. : 08-92-89-90-90. De 15 € à 231 €.

En un disque, six concertos pour l’infant Gabriel de Bourbon

Pochette de l’album « Six concertos pour deux orgues », d’Antonio Soler, par les organistes Jürgen Essi et Jeremy Joseph. / CYBELE RECORDS

Destinés à « la diversion » de son royal élève, Gabriel de Bourbon, les six concertos pour deux orgues du Padre Soler sont « des œuvres idéales pour faire sonner les orgues doubles qui ornent les grandes églises de la péninsule ibérique », écrit Vincent Genvrin dans le magazine Diapason. D’inspiration fantaisiste et sans prétention, elles ont été enregistrées à Mexico, dans la plus imposante cathédrale d’Amérique latine, par deux organistes virtuoses, Jürgen Essi et Jeremy Joseph, capables de faire cascader la musique dans une excitante quadriphonie, que restitue la gravure en SACD.

« Six concertos pour deux orgues », d’Antonio Soler, avec Jürgen Essi, Jeremy Joseph, orgues de la Cathédrale de Mexico, 1 SACD (surround 5.1 et stéréo) Cybele Records.

« La Tragédie de Carmen », au Théâtre impérial de Compiègne, les 17 et 19 mai

Eva Zaïcik. / PHILIPPE BIANCOTTO

Il y a Carmen. Et il y a La Tragédie de Carmen, née en 1981 de la rencontre de Jean-Claude Carrière, Peter Brook et Marius Constant autour de l’opéra de Bizet et de la nouvelle de Prosper Mérimée. Une version saisissante pour quatre chanteurs, deux comédiens et un ensemble instrumental, qui renouvelle le mythe, dépouillé de tout pittoresque, pour mieux se concentrer sur les rapports passionnels entre les personnages.

Cette nouvelle production, qui mise sur le talent de ses artistes en résidence – le jeune metteur en scène Florent Siaud, et le chef d’orchestre Romain Louveau – entend bien relever le pari de cette « foudroyante et fascinante chevauchée du côté de la mort », d’autant que la distribution fait la part belle aux jeunes chanteurs français, dont la talentueuse Eva Zaïcik, capable de toutes les séductions.

« La Tragédie de Carmen », d’après Bizet. Avec Eva Zaïcik, Marianne Croux, Alexandre Duhamel, Sébastien Droy, Nicolas Vial, Florent Siaud (mise en scène), Ensemble Miroirs Etendus, Romain Louveau (direction). Théâtre impérial de Compiègne (Oise). Le 17 mai, à 20 h 30, et le 19 mai, à 16 heures. De 8 € à 39 €.