La tour Telecom Italia à Rozzano, en banlieue de Milan (nord de l’Italie), en mai 2016. / Stefano Rellandini / REUTERS

A moins de trois semaines d’une assemblée générale déterminante pour Telecom Italia, les tensions s’exacerbent entre Vivendi et le fonds activiste américain Elliott, principaux actionnaires du groupe avec respectivement 23,94 % et 9,54 % du capital de l’ancien fleuron italien.

Vendredi 8 mars, ce sont les conclusions d’un rapport des commissaires aux comptes de l’entreprise qui ont déclenché un nouveau déferlement d’hostilités. Ceux-ci, qui avaient été saisis en janvier d’une plainte du groupe français à propos de la gestion de l’opérateur, ont notamment indiqué avoir relevé des irrégularités dans la gouvernance de Telecom Italia.

« Contrairement à ce qui a été indiqué dans sa communication par le président du conseil d’administration [Fulvio Conti], les mêmes informations n’ont pas été fournies à tous les conseillers », précisent-ils dans le document, notant, entre autres, que « certaines informations ont été fournies seulement à certains conseillers et, en particulier, seulement à ceux élus dans la liste présentée par Elliott ».

Des observations qui n’ont pas manqué de faire réagir Vivendi, qui s’est dit « extrêmement préoccupé » par les conclusions des commissaires aux comptes, qui confirment « l’existence d’un “conseil d’administration parallèle” ».

« Une série d’attaques agressives »

Le groupe français accuse depuis plusieurs mois le conseil d’administration de Telecom Italia d’être à la botte du fonds américain, au détriment des intérêts de l’entreprise et de ses autres actionnaires, et réclame à ce titre la révocation de cinq de ses membres. La nouvelle tombe à point nommé pour Vivendi, qui espère rallier un maximum d’actionnaires avant l’assemblée générale, fixée au 29 mars, et qui devrait décider du sort du conseil d’administration.

Face à cette salve de critiques, le fonds Elliott a riposté, lundi 11 mars. Renvoyant la balle, l’américain a mis en cause l’indépendance des candidats soutenus par Vivendi, dénonçant dans un communiqué « une série d’attaques agressives » de la part du français qui empêchent le retour à la stabilité de l’entreprise.

« Toutes ces actions sont cohérentes avec les antécédents de Vivendi, et de son actionnaire principal Vincent Bolloré, concernant son mépris pour des pratiques basiques de bonne gouvernance », cingle le fonds activiste, qui a par ailleurs mis en ligne un site Internet spécifique pour mener campagne auprès des actionnaires.

Pris entre les tirs croisés de ses actionnaires, Telecom Italia tente de son côté de mettre en œuvre son plan stratégique. Dévoilé fin février, il est censé redresser la société, plombée par une dette de 25 milliards d’euros.