Selon une étude de l’INED, l’espérance de vie à la naissance n’a augmenté que de 0,1 an entre 2017 et 2018 en France. / PHILIPPE HUGUEN / AFP

Le ralentissement des gains en espérance de vie en France s’explique notamment par les épidémies de grippe saisonnière et par des retombées « moins spectaculaires » de la lutte contre le cancer, révèle une étude de l’Institut national d’études démographiques (INED), publiée mercredi 13 mars.

L’espérance de vie à la naissance n’a augmenté que de 0,1 an entre 2017 et 2018, pour les femmes (85,4 ans) comme pour les hommes (79,5 ans), un gain « modeste » selon Gilles Pison, auteur de cette étude publiée dans Populations et Sociétés et basée sur les chiffres de l’Insee.

Quand les épidémies de grippe saisonnière « sont meurtrières comme celles des dernières années, elles réduisent l’espérance de vie à la naissance de l’année de 0,1 à 0,3 an », affirme le chercheur associé à l’INED, également professeur au Muséum national d’histoire naturelle.

Il précise cependant que cet effet est « conjoncturel » et que d’autres causes sont également derrière le ralentissement des progrès de l’espérance de vie en France.

« Innovations médicales et sociales »

M. Pison estime ainsi que, dans la lutte contre les cancers, les retombées en matière d’espérance de vie « ont été moins spectaculaires jusqu’ici que celles liées » aux progrès de la lutte contre les maladies cardiovasculaires, depuis les années 1970.

L’étude de l’INED évoque en effet une stagnation de la mortalité par cancer chez les femmes depuis quelques années, alors même qu’elle continue de baisser chez les hommes : « L’une des raisons est la montée du tabagisme dans les années 1950 à 1980 dans les générations de femmes ayant 50 ans ou plus aujourd’hui. Elles en subissent les conséquences quelques décennies plus tard. »

La France n’est pas la seule concernée puisqu’un « même ralentissement des progrès de l’espérance de vie s’observe dans les pays d’Europe du Nord et de l’Ouest ».

Pour Gilles Pison, ce sont désormais « de nouveaux terrains de lutte comme les maladies neurodégénératives [maladies d’Alzheimer, de Parkinson, etc.] et des innovations médicales et sociales » qui doivent « prendre le relais si l’on veut que l’espérance de vie continue de progresser ».