C’est une première en France et peut-être même, à cette échelle, au-delà des frontières de l’Hexagone. Au moment même où s’achève, vendredi 15 mars, la période du grand débat sous la forme de réunions d’initiative locale – 10 405 ont été organisées, selon la plate-forme nationale, mais il faut tenir compte des nombreux doublons enregistrés –, une première vague de conférences citoyennes régionales (CCR) devait se tenir. Dix-huit CCR au total, dans chacune des treize régions métropolitaines et quatre en outre-mer, et une spécifiquement réservée à des jeunes de 18 à 25 ans.

Spécificité de ces conférences régionales, elles sont organisées avec des citoyens et des citoyennes tirés au sort. Le processus a été lancé mi-février. Après de longues discussions avec le collège des garants sur la méthode à utiliser pour le tirage au sort, il a été décidé de recourir à la génération aléatoire de numéros. L’opération a été confiée à l’institut Harris Interactive. Objectif : recruter entre 80 et 100 participants pour chaque réunion, soit environ 1 600 volontaires.

En trois semaines, les équipes de l’institut ont passé plus de 80 000 appels. Avec un taux d’échec considérable : numéros générés non attribués, pas de réponse, refus de participer… S’y ajoute une autre difficulté : faire en sorte que le panel réuni soit suffisamment représentatif du territoire concerné à l’échelle régionale, en tenant compte de cinq critères : âge, sexe, catégorie socioprofessionnelle, rural/urbain, département.

Expérience inédite

Le résultat est considéré comme positif par les responsables du grand débat. Les sept premières CCR organisées les 15 et 16 mars devaient réunir respectivement : 90 personnes en Nouvelle-Aquitaine à Poitiers ; 70 en Normandie à Rouen ; 130 en Ile-de-France à Paris ; 90 dans les Hauts-de-France à Lille ; 60 dans le Centre-Val de Loire à Orléans ; 90 en Provence-Alpes-Côte d’Azur à Marseille ; 130 en Auvergne-Rhône-Alpes à Lyon.

« Nous avons fait le choix de privilégier la diversité des territoires, quitte à abaisser la barre dans certains endroits », explique un organisateur.

« Il est assez facile de trouver des gens qui acceptent quand ils habitent dans ou près de la ville centre, explique un organisateur. C’est plus difficile quand ils habitent loin, même s’ils sont hébergés et défrayés, mais pas rémunérés. On aurait pu “bourrer les urnes” en prenant des gens qui ne correspondaient pas nécessairement aux critères de représentativité. Nous avons fait le choix de privilégier la diversité des territoires, quitte à abaisser la barre dans certains endroits. » Quelques volontaires, en outre, se sont heurtés à un refus de leur employeur de les libérer.

Le déroulement des CCR a lui-même fait l’objet de nombreux échanges. Deux prestataires ont été sélectionnés pour en assurer l’animation : la Fondation Res Publica et le cabinet Missions publiques. Chaque conférence obéit à un protocole rigoureux, depuis l’accueil des participants le vendredi à 16 heures jusqu’à la clôture des travaux le samedi à 17 heures. C’est un processus évolutif alternant sessions en petits groupes et séances plénières : diagnostic, partage d’informations, identification des sujets-clés, élaboration des pistes d’action, enrichissement, consolidation, selon l’intitulé des différentes étapes.

« Il s’agit d’un processus de construction d’une intelligence citoyenne collective, étape par étape, pour arriver à créer une dynamique et parvenir à un résultat qu’ils assument collectivement », explique-t-on à la mission du grand débat. L’expérience est incontestablement inédite. Elle sera suivie par de nombreux observateurs, y compris des chercheurs internationaux intéressés par ce dispositif.

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