Les voyants ont viré au rouge ces derniers jours. Les forces de l’ordre s’attendent à un fort niveau de mobilisation, principalement à Paris, pour l’acte XVIII des « gilets jaunes », samedi 16 mars. Voilà plusieurs semaines déjà que les manifestants ont fait de cette journée, qui tombe le lendemain de la fin du grand débat, un rendez-vous clé pour le mouvement, un « tournant ».

« On s’attend à voir une remontée assez forte du nombre de personnes présentes, pour atteindre les seuils du mois de janvier », confie une source policière parisienne. Les derniers actes s’étaient soldés par une baisse de la mobilisation, jusqu’à atteindre le point le plus bas depuis le début du mouvement lors de l’acte XVII, samedi 9 mars, avec moins de 30 000 manifestants selon le ministère de l’intérieur.

Les principaux meneurs de la contestation ont conscience d’être à un point de bascule ou, faute de rebond, le mouvement risque de s’étioler. Les pages Facebook consacrées à cet acte XVIII appellent « la France entière » à venir à Paris pour poser un « ultimatum » au gouvernement :

« Pour que la liberté, l’égalité et la fraternité triomphent du gouvernement et des puissants, le 16 mars organisons-nous et envahissons Paris », peut-on notamment lire sur l’une d’entre elles.

Figure médiatique du mouvement, Eric Drouet a évoqué la mobilisation de samedi dans une vidéo comme « l’une des journées les plus importantes depuis le 17 novembre », annonçant la venue sur Paris d’énormément de manifestants de province mais aussi d’autres pays européens. Beaucoup craignent des interventions policières en amont de la manifestation. « Ils vont tout faire pour que vous n’atteigniez pas Paris », a mis en garde Eric Drouet appelant à éviter les barrages filtrants aux péages, à ne pas porter son gilet jaune à l’avance, ni aucun équipement de protection.

Eventuelle présence massive de black blocs

Au-delà du nombre, les autorités s’attendent également à une journée mouvementée. « Il y a des risques d’actions violentes plus élevés que les semaines passées », assurent une source policière, se basant sur les remontées des services de renseignement territoriaux. A la Préfecture de police de Paris, une réunion a été organisée jeudi matin pour adapter le dispositif à la menace, notamment une éventuelle présence massive de black blocs.

De nombreux sites de la gauche radicale ont publié ces derniers jours des textes exaltés appelant à faire de Paris, samedi, « un grand terrain de lutte ». « C’est notre désir d’un monde meilleur pour le plus grand nombre qui va nous pousser samedi à exprimer notre colère, et pas qu’avec des paroles », écrit notamment le collectif Cerveaux non disponibles, qui plaide pour « une marée jaune qui déborde vraiment », et « l’encerclement » de l’Elysée. Plusieurs rendez-vous sont prévus dans Paris au même moment pour converger vers la présidence de la République dont ils prévoient de « faire le siège ».

Autre difficulté à gérer pour le pouvoir, la tenue au même moment de « la marche du siècle » pour le climat à Paris, au départ de la place de l’Opéra. Les « gilets jaunes » les plus pacifistes ont d’ailleurs prévu de se joindre à ce mouvement pour « éviter les risques » de « guérilla » autour des Champs-Elysées.

Certains au sein même des forces de l’ordre appellent cependant à relativiser. « On nous annonçait une grande mobilisation la semaine dernière et il n’y a rien eu : on s’est retrouvé à écraser une mouche avec un marteau-pilon », explique une source policière haut placée. « Les renseignements sont déboussolés, la réalité, c’est souvent qu’on ne sait pas à quoi s’attendre », abonde une autre.

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