La ministre des affaires européennes Nathalie Loiseau, à la sortie du conseil des ministres à l’Elysée, le 30 janvier à Paris. / LUDOVIC MARIN / AFP

« Moi ce que j’ai hérité de mon père c’est le goût du travail et la détestation de l’extrême droite et c’est ce qui me donne envie de la combattre encore plus. » Nathalie Loiseau est officiellement candidate à la tête de la liste européenne de La République en Marche. La ministre des affaires européennes l’a théâtralement annoncé, jeudi 14 mars, à l’occasion d’un débat face à Marine Le Pen sur France 2. Sans en avoir référé à la majorité présidentielle, jure-t-elle, sous les rires de la patronne de l’extrême droite française.

Durant près de deux heures, Marine Le Pen avait pu profiter de la vedette, égrainant ses commentaires sur l’actualité à près de deux mois du scrutin européen. Brexit, Algérie, Grand Débat... Sans compter une improbable séquence filmée dans le bureau de son quartier général à Nanterre, entre les photos de son père, Jean-Marie Le Pen, et de ses chats. « C’est la Sainte Marine », s’amuse la présidente du Rassemblement national (RN, ex-FN), alors que ses contradicteurs la mettent en difficulté. Sur les affaires qui touchent son parti, d’abord, elle qui est mise en examen pour détournement de fonds publics dans celle dite des assistants parlementaires. « Nous n’avons rien à nous reprocher », tranche-t-elle. Et d’ajouter ironiquement que la nomination au conseil constitutionnel d’Alain Juppé lui faisait « monter quelques ambitions », lui qui a été condamné en 2004 dans le dossier des emplois fictifs de la Mairie de Paris.

« le FN, c’est Fake News »

Vient son rapport aléatoire à la vérité. Malgré les rappels au texte d’un étudiant sur le plateau, Marine Le Pen n’hésite pas répéter que le traité d’Aix la Chapelle organiserait un partage du siège de la France à l’ONU. Factuellement faux, mais peu importe pour Mme Le Pen pour qui « il y a les faits, et il y a une réalité derrière ».

« Vous auriez dû garder le FN car le FN c’est Fake News », lui assène Nathalie Loiseau, avant de pointer du doigt son retournement sur la sortie de l’euro et de l’Europe. « Mis bout à bout, votre projet caché Marine le Pen, c’est : sortie de l’euro et Frexit. Vous avez tout à fait le droit. Mais pourquoi avancez-vous masquée ? »

Marine Le Pen, elle, sourit. Attaque les médias qui « ne méritent plus la confiance qui leur a été accordée par le passé ». Et pense à 2022. « Je ne me rase pas les jambes en pensant à être présidente de la République (...) mais si j’estime que je suis la mieux placée pour y aller, j’irai. »

Confortable dans sa rhétorique anti-immigration, qu’elle parvient même à développer dans une réponse sur les vaccins, Marine Le Pen aura finalement avancé davantage de constats que de solutions. Et matraqué un mantra efficace en guise de conclusion : voter pour le Rassemblement national en mai serait le seul moyen de sanctionner la politique du gouvernement. « Sinon, croyez-moi, le rouleau compresseur se remettra en marche. » Un duel tout aussi mis en scène par Emmanuel Macron lui-même.