Robert Morris, sans titre (1967-2000). / ROBERT MORRIS

« Monumental Minimal », un titre oxymore pour une exposition qui en met plein les mirettes ! Si les minimalistes des années 1960 prêchaient la rigueur et le concept plutôt que le spectacle, les œuvres rassemblées par la Galerie Ropac n’en sont pas moins flamboyantes. Plus que jamais, less is more. Particulièrement à leur aise dans ces immenses espaces de Pantin (Seine-Saint-Denis), toiles et sculptures de ces quelques géants de l’art new-yorkais se déploient en majesté, dans un accrochage au cordeau. Carl Andre pave le chemin du visiteur de quelques carrés d’acier, jusqu’à un néon éclair de Dan Flavin, qui fait vibrer l’espace. Il donne aussi une ligne de fuite, avec sa jetée taillée dans le sapin, à l’ensemble exceptionnel de Wall Drawings de Sol LeWitt, jeu combinatoire de « carrés dans un carré » baignés d’aplats solaires de rouges, jaunes et orangés. Du même artiste, un labyrinthe de cubes blancs évidés rivalise avec les peintures duelles de Robert Mangold. Quant aux digressions de feutre mou de Robert Morris, décédé en novembre 2018, elles viennent, par leur mollesse, taquiner la roideur de toutes ces lignes droites. Car qui dit minimal ne dit pas forcément cérébral : la preuve avec quelques pièces murales de Donald Judd, où le théoricien du mouvement se révèle aussi sensuel expert de la matière, et du détail. Derrière le métal, un rien animal ? Emmanuelle Lequeux

Galerie Ropac, 69, avenue du Général-Leclerc, à Pantin (Seine-Saint-Denis). Du mardi au samedi, de 10 heures à 19 heures. Jusqu’au 23 mars.