Un navire anti-pollution tente de minimiser les dommages du « Grande America », le 15 mars. / HANDOUT / AFP

Les opérations de lutte antipollution ont débuté vendredi 15 mars dans la zone du naufrage du navire italien Grande America, où une nouvelle nappe de fioul a été observée, avec l’espoir de minimiser tout risque de pollution du littoral atlantique.

Ces opérations, menées à l’aide de quatre navires spécialisés, ont débuté dans l’après-midi en dépit de conditions météorologiques très compliquées dans la zone du naufrage du navire de 214 mètres de long, dont les soutes étaient remplies de 2 200 tonnes de fioul lourd. Le Grande America a sombré mardi à 333 kilomètres au large de La Rochelle. « Leur efficacité restera cependant tributaire des conditions météorologiques », a relevé la préfecture maritime de l’Atlantique, en charge de la coordination des opérations.

Alors que deux nappes avaient déjà été observées mercredi et jeudi, une nouvelle a été repérée vendredi lors d’un vol de surveillance. D’une longueur de 4,5 kilomètres et d’une largeur de 500 mètres, cette nouvelle nappe d’aspect compact et observée à proximité de la zone du naufrage, « semble confirmer qu’il y a toujours un rejet de fioul lourd depuis l’épave », qui repose à 4 600 mètres de profondeur, a indiqué la préfecture maritime dans un communiqué.

Les deux nappes observées jusqu’à présent mesuraient 13 km de long et 7 km de large, pour l’une, et 9 km de long et 7 km de large, pour l’autre. Elles dérivaient jeudi plein est à la vitesse de 35 kilomètres par jour. Vendredi, elles n’ont cependant pas pu être observées à nouveau en raison d’une mer très agitée avec des creux de quatre mètres.

Deux conteneurs ont en outre été localisés vendredi à la dérive : l’un à 30 km au nord-est de l’épave, l’autre à 90 km à l’est. Des avis urgents aux navigateurs ont été diffusés, afin de les prévenir de leur présence. Ils devraient être récupérés par l’armateur du navire, la société italienne Grimaldi.

Nappes d’hydrocarbures

Le Grande America, entre un roulier et un porte-conteneurs, transportait 365 conteneurs, dont 45 répertoriés comme contenant des matières dangereuses – parmi lesquelles une centaine de tonnes d’acide chlorhydrique et 70 autres d’acide sulfurique –, ainsi que plus de 2 000 véhicules.

Il venait de Hambourg (Allemagne) et devait se rendre à Casablanca (Maroc) quand il a été touché par un incendie. Ses 27 membres d’équipage ont été secourus sains et saufs dans la nuit de dimanche à lundi et ramenés à Brest où une enquête a été ouverte.

Les prévisions de vents et de courants font craindre une arrivée des nappes d’hydrocarbures sur les côtes de la Charente-Maritime et de la Gironde dans les prochains jours. Les deux départements ont été placés en « pré-alerte » pour anticiper tout risque de pollution et les deux préfectures ont envoyé un courrier aux communes littorales pour les avertir des risques potentiels.

« Insécurité » liée aux cargaisons

A La Rochelle, tractopelles, gants, produits absorbants et boudins flottants étaient prêts vendredi pour lutter contre une éventuelle arrivée d’hydrocarbures, le maire et ancien skipper Jean-François Fountaine estimant que « la nappe arrivera mercredi, voire plus tard ».

De leur coté, les défenseurs de l’environnement, ont continué vendredi de dénoncer « l’insécurité » liée au transport maritime de marchandises, pointant notamment du doigt les problèmes de cargaison.

Les conteneurs peuvent contenir des marchandises très variées « et avoir des réactions chimiques très différentes selon leur nature, ce qui accroît considérablement les difficultés pour combattre un incendie qui se déclarerait à bord », a indiqué à l’AFP Yannick Le Manac’h, ancien inspecteur des affaires maritimes et expert pour Vigipol, syndicat mixte de protection du littoral breton et à l’origine d’une récente étude sur les risques d’incendie et d’explosion à bord des porte-conteneurs. « On a transporté en 2018 dix milliards de tonnes de marchandises dans l’insécurité la plus absolue pour les marins à bord et l’environnement », a pesté de son côté Jean-Paul Hellequin, président de l’association de défense de l’environnement maritime Mor Glaz.