Des centaines de milliers de personnes ont défilé samedi 16 septembre dans plusieurs villes de France pour défendre le climat mais aussi pour appuyer les revendications des « gilets jaunes », parmi d’autres mots d’ordre, comme la lutte contre le racisme et les violences policières.

A Paris les organisateurs de cette « Marche du siècle » se sont félicités de la présence de 100 000 personnes dans un cortège parti de a place de l’Opéra en direction de la place de la République. La manifestation s’est déroulée en parallèle de la dix-huitième journée de mobilisation des « gilets jaunes », marquée par des violences et des incendies dans le secteur des Champs-Elysées.

De leur côté, les participants à la marche pour le climat ont défilé dans le calme. Nos journalistes, Audrey Garric et Rémi Barroux, suivent leur mobilisation dans la capitale :

Près de 140 organisations de Greenpeace France à la Fondation Nicolas Hulot, avaient lancé un appel à descendre dans la rue pour la journée de samedi, estimant qu’il est « temps de changer de système industriel, politique et économique, pour protéger l’environnement, la société et les individus ». D’après les organisateurs, ce sont en tout plus de 350 000 personnes qui y ont répondu positivement en descendant dans les rues dans le cadre de plus de deux cent évènements organisés dans toute la France.

Jonction entre manifestations

Selon les chiffres des préfectures, les manifestants étaient 8 000 à Montpellier, 2 500 à Marseille, 2 000 à Rennes ainsi qu’à Strasbourg. Les plus jeunes avaient déjà commencé à manifester vendredi, répondant en masse à l’appel de la jeune Suédoise Greta Thunberg. Ils étaient entre 29 000 et 40 000 à Paris, 168 000 en tout à travers la France, selon l’organisation Youth for climate.

Des personnalités politiques de gauche, dont le député insoumis de la Somme François Ruffin, ont par ailleurs plaidé pour une jonction entre les manifestations pour l’environnement et celles des « gilets jaunes ». « Conjuguer social et écologie permet une alliance entre classes intermédiaires et populaires, rien ne se fait historiquement en France sans cette alliance : 1789, mai 68, 1981… », a-t-il déclaré à l’Agence France-presse avant de quitter Paris pour rejoindre une manifestation des « gilets jaunes » dans le Gard.

« Un avant et un après »

A Paris les « gilets jaunes » étaient nombreux dans les rangs des manifestants pour le climat. Parmi eux se trouvaient Emmanuelle, auto-entrepreneuse dans le ménage chez les particuliers, Bruno, chauffeur routier, et Sébastien, opérateur commande numérique, tous trois gilets jaunes à Saint-Barthelemy, à côté de Pontivy dans le Morbihan :

« C’est notre première manifestation pour le climat, on n’avait pas prévu d’y participer mais c’était devenu irrespirable sur les Champs et on nous en a chassés » raconte Emmanuelle. « De toute façon, tout est lié. La taxe carbone, c’était un enfumage, on nous disait que c’était pour le climat alors que pas du tout », ajoute Sébastien. Quant à Bruno, il voudrait changer de boulot « parce qu’il est contraire à [ses] opinions et pour limiter les transports, manger local ».

« Il faut vraiment qu’il y ait un moment de basculement, un avant et un après » ces manifestations, a fait quant à lui valoir samedi à Paris Jean-François Julliard, directeur général de l’organisation non gouvernementale (ONG), Greenpeace France. Depuis plusieurs mois des pétitions, des actions et des campagnes en ligne sur le thème du climat se multiplient.

Quatre ONG, Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France, poursuivent quant à elles l’Etat pour « manquements » à son obligation d’action contre le réchauffement. Elles sont à l’origine d’une pétition qui a récolté plus de deux millions de signatures en moins d’un mois.