La candidate à l’élection présidentielle Zuzana Caputova au soir du premier tour, le 16 mars à Bratislava, en Slovaquie. / DAVID W CERNY / REUTERS

La libérale Zuzana Caputova, critique du gouvernement de gauche, est arrivée largement en tête du premier tour de l’élection présidentielle en Slovaquie samedi 16 mars et affrontera le commissaire européen Maros Sefcovic lors du second tour, le 30 mars. L’avocate environnementaliste obtient 40,55% des voix contre 18,66% pour M. Sefcovic, soutenu par le parti au pouvoir, selon les chiffres de l’Office des statistiques portant sur 99,88% des voix. Les résultats officiels du vote doivent être annoncés dimanche à midi. La participation s’est élevée à 48,73%.

Selon l’institut de sondage Focus, Mme Caputova part avec une avance très confortable dans la perspective du second tour, avec 64,4% d’intentions de vote contre 35,6% pour son adversaire. « J’ai demandé les voix de tous les électeurs, je les remercie donc tous », a déclaré l’avocate de 45 ans, qui a des chances de devenir la première femme chef de l’Etat de l’histoire de la Slovaquie. Elle a remercié ses sympathisants non seulement en slovaque mais aussi dans les langues des minorités nationales vivant dans ce pays de 5,4 millions d’habitants, membre de l’UE et de l’Otan.

« Il s’avère que nous voulons que notre pays soit décent et juste. Zuzana Caputova est la personne qui peut sortir la Slovaquie de la crise », a déclaré le président sortant Andrej Kiska sur Facebook, qui avait appuyé la candidature de Mme Caputova lors de la campagne. « Ne restez pas à la maison au second tour. Nous avons gagné le premier tour. La Slovaquie est sur la bonne voie », a-t-il ajouté.

« A la croisée des chemins »

Mme Caputova avait participé l’an dernier à des manifestations après l’assassinat du journaliste Jan Kuciak, crime qui a mis à mal le gouvernement en place et provoqué une profonde crise politique en Slovaquie. Au moment de voter dans sa ville de Pezinok, dans le sud du pays, Mme Caputova avait déclaré aux journalistes que la Slovaquie était « à la croisée des chemins en ce qui concerne la reconquête de la confiance du public ».

Jan Kuciak et sa fiancée ont été assassinés en février 2018, alors que le journaliste était sur le point de publier une enquête sur des liens présumés entre des hommes politiques slovaques et la mafia italienne. Jeudi, à deux jours du scrutin, le parquet a relancé l’affaire en inculpant le multimillionnaire Marian Kocner, accusé d’avoir commandité l’assassinat. La vague d’indignation qui avait déferlé sur le pays à la suite de cette affaire a entraîné la démission du premier ministre Robert Fico, qui reste cependant le chef de Smer-SD et un proche allié du premier ministre Peter Pellegrini. Quatre personnes ont été inculpées pour cet homicide en 2018.

Se présentant sous le slogan « Toujours pour la Slovaquie », M. Sefcovic promet de renforcer les avantages sociaux pour les personnes âgées et les jeunes familles. Membre de la Commission européenne depuis 2009, M. Sefcovic en est un vice-président depuis 2014. Le président slovaque ne gouverne pas, mais ratifie les traités internationaux et nomme les plus hauts magistrats. Il est aussi le commandant en chef des forces armées et dispose du droit de veto.