Rodrigo Duterte – ici le 9 octobre 2018 – ne compte coopérer avec la Cour pénale internationale d’aucune façon. / BULLIT MARQUEZ / AP

Un an après que les Philippines ont annoncé ne plus vouloir être membre de la Cour pénale internationale (CPI), le pays s’estt officiellement retiré, dimanche 18 mars, de ce tribunal qui juge les crimes de guerre.

Ce retrait est dû à l’ouverture d’une enquête préliminaire, en février 2018, contre son président, Rodrigo Duterte, instigateur à partir de 2016 d’une lutte brutale contre le trafic de stupéfiants, qui a fait des milliers de morts. La CPI enquête précisément sur des accusations selon lesquelles le gouvernement aurait ordonné des homicides en toute illégalité.

Selon les chiffres de la police, 5 176 usagers ou trafiquants ont été tués en tentant d’échapper à une arrestation. Mais des organisations de défense des droits de l’homme estiment que leur nombre est en réalité au moins trois fois supérieur, et critiquent une « guerre contre les pauvres » qui masque les graves lacunes de l’Etat de droit.

Les dirigeants de la Cour de La Haye ont déjà annoncé que cette enquête se poursuivrait malgré tout, ses statuts précisant que le départ d’un Etat membre ne clôt pas les procédures le concernant.

Prestige écorné

Sourd aux critiques venues de l’étranger, le dirigeant philippin affirme que cette politique est la bonne pour son pays et qu’elle est populaire. Et il compte ne coopérer avec la Cour d’aucune façon, car celle-ci « ne pourra jamais avoir quelque compétence que ce soit pour juger ma personne », lançait-il dans un discours mercredi.

Après le Burundi, en 2017, il s’agit du deuxième pays qui se retire de la CPI, depuis sa création en 2002. D’autres pays africains ont envisagé ou menacé de partir – Afrique du Sud, Gambie, Kenya et Zambie – en accusant les juges d’être partiaux.

La CPI a vu son prestige écorné ces derniers années par l’échec de procédures qui se sont achevées par des acquittements ou les menaces d’Etats de quitter l’instance. Elle a surtout été sévèrement critiquée pour son action en Afrique, avec notamment l’acquittement, en janvier, de l’ancien président de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, et celui, en juin, de l’ancien vice-président de République démocratique du Congo, Jean-Pierre Bemba.

L’un des succès récents de la CPI a été d’enregistrer l’adhésion, au début de mars, de la Malaisie, l’un des rares Etats membres asiatiques.