Paris, le 16 mars 2019, acte XVIII de mobilisation des « gilets jaunes ». Un manifestant se fait prendre en photo en levant le poing devant un kioske de presse en feu sur les Champs-Elysees. / JULIEN MUGUET POUR "LE MONDE"

Les kiosquiers ont tenu à faire remonter un message d’urgence au ministre de la culture après les destructions de kiosques à journaux sur les Champs-Elysées lors de l’acte XVIII des « gilets jaunes », samedi 16 mars. Reçus par la directrice de cabinet de Franck Riester, Lucie Muniesa, mardi 19 mars en fin de journée, les représentants des kiosquiers et Mediakiosk, la filiale de JCDecaux qui gère leurs boutiques, ont demandé des mesures d’aide pour les marchands de journaux sinistrés.

Dans les cas où la prise en charge des dégâts et des pertes de revenus par les assurances n’est pas suffisante, « nous avons réclamé une annulation des charges fiscales et sociales, et pas un simple décalage dans le temps », indique Daniel Panetto, président de Culture Presse, principal syndicat des marchands de journaux, à la sortie de la réunion. Sans quoi « certains kiosquiers ne pourraient poursuivre leur activité », estime-t-il.

En attendant que ces dossiers soient étudiés au cas par cas, « nous avons besoin rapidement d’une aide exceptionnelle pour rembourser aux messageries [les distributeurs Presstalis et les Messageries lyonnaises de presse] les stocks de journaux qui ont brûlé », insiste Nelly Todde, vice-présidente du Syndicat des kiosquiers. Les assurances finiront par prendre en charge cette somme « mais cela peut prendre beaucoup de temps, et Presstalis ne nous accordera pas de délai », déplore la kiosquière.

La veille de cette réunion, Franck Riester s’était rendu sur la célèbre avenue parisienne pour constater les dommages et exprimer sa « solidarité » aux kiosquiers saccagés. Sept boutiques ont été incendiées samedi, dont cinq ont été complètement détruites par les flammes. Quinze autres ont été vandalisées ailleurs dans Paris. Dès mardi matin, l’un des kiosques calcinés des Champs-Elysées a rouvert après avoir été remplacé, et Mediakiosk a fait savoir que les autres suivront dans les jours à venir.

Mobilisation des groupes de presse

Au-delà des pertes directes liées à ces dégradations, les ventes des marchands journaux de la capitale ont été affectées par la mobilisation des « gilets jaunes ». Depuis maintenant quatre mois, « la préfecture de Paris demande aux kiosquiers qui se trouvent sur le parcours des manifestations de fermer chaque samedi », pointe Mme Todde, en ajoutant craindre qu’en raison d’un soutien trop tardif de l’Etat, « certains marchands ne résisteront pas à cette période ». Le mouvement a provoqué une baisse d’un point du chiffre d’affaires des points de ventes sur les six dernières semaines de 2018, selon le syndicat Culture Presse, qui n’a pas réalisé d’estimations plus récentes.

La presse a elle aussi affiché son soutien aux kiosquiers. Claude Perdriel, le président du groupe Challenges, dans un éditorial publié mardi sur le site de l’hebdomadaire, a appelé les groupes de presse à « ouvrir une souscription » pour aider les kiosquiers « à payer les dettes qui leur incombent, dont ils se trouvent injustement responsables ». Challenges versera pour sa part 20 000 euros, et la quasi-totalité des titres nationaux ont signé la tribune de M. Perdriel (Le Point, Le Figaro, Libération, Le Monde, L’Equipe, La Croix, l’Humanité, Les Echos, etc.)

Plusieurs cagnottes en ligne ont également été ouvertes. L’une d’entre elles, destinée à un kiosquier des Champs-Elysées dont la boutique a été réduite en cendres, a récolté plus de 4 300 euros de dons. La même somme a pour l’instant été réunie par une autre cagnotte, dédiée à tous les marchands de journaux touchés par les destructions.

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