La contestation se poursuit en Algérie. Mardi 19 mars, ce sont plusieurs milliers d’étudiants qui défilent dans le centre d’Alger pour réclamer à nouveau le départ du président Abdelaziz Bouteflika. La contestation étudiante a été rejointe à la mi-journée par des professeurs d’université, mais aussi par des employés du secteur médical (médecins, infirmiers…), alors que le pays célèbre l’anniversaire de l’indépendance.

« 19 mars 1962 : fin de la guerre d’Algérie, 19 mars 2019 : début de changement du système », indique une pancarte, en référence à l’entrée en vigueur il y a cinquante-sept ans, au lendemain de la signature des accords d’Evian, du cessez-le-feu mettant fin à la guerre d’indépendance du pays (1954-1962) contre la puissance coloniale française.

Malgré la mobilisation qui se poursuit dans tout le pays depuis près d’un mois, Abdelaziz Bouteflika s’accroche au pouvoir. Dans un nouveau message, relayé lundi par les médias d’Etat, le président algérien a confirmé qu’il prolongerait son quatrième mandat au-delà de son terme constitutionnel, le 28 avril, jusqu’à un nouveau scrutin organisé à l’issue d’un processus de révision constitutionnelle.

« Que l’Algérie vive, dans un avenir proche, une transition harmonieuse et assiste à la remise de ses rênes à une nouvelle génération (…), tel est l’objectif suprême que je me suis engagé à concrétiser avant la fin de mon mandat présidentiel, à vos côtés et à votre service », souligne le chef de l’Etat dans ce message.

Bouteflika reste flou quant à sa date de départ

Le président avait déjà annoncé, le 11 mars, entendre remettre ses pouvoirs à un successeur élu lors d’un scrutin organisé à l’issue d’une conférence nationale, dont les missions seraient de réformer l’Algérie et de modifier la Constitution. Lundi, dans ce message transmis à l’occasion de la fête de la Victoire du 19 mars 1962, M. Bouteflika assure que cette conférence nationale chargée de changer le « régime de gouvernance » de l’Algérie et de « renouveler ses systèmes politique, économique et social » se tiendra « dans un très proche avenir », mais sans fixer de date précise.

Mais ces annonces du 11 mars ont reçu un accueil mitigé de la part des manifestants algériens. Si M. Bouteflika a annoncé qu’il ne se présenterait pas pour un cinquième mandat, il continue à rester au pouvoir, jusqu’à une date qui est désormais inconnue, étant donné que l’élection présidentielle a été repoussée sine die.

Si un délai d’un an a été parfois évoqué pour une transmission du pouvoir, il apparaît intenable à de nombreux observateurs, compte tenu de l’ampleur de la tâche : désignation des participants et organisation des travaux de la conférence, élaboration d’une nouvelle Constitution, organisation d’un référendum, convocation et tenue d’une présidentielle…

Notre sélection d’articles pour comprendre la contestation en Algérie

Depuis le 22 février, le mouvement de protestation le plus important des deux dernières décennies en Algérie a poussé des dizaines de milliers de personnes dans les rues pour exprimer leur opposition à un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, avant l’élection présidentielle prévue le 18 avril.

Retrouvez ci-dessous les contenus de référence publiés par Le Monde pour comprendre la crise qui traverse le pays :

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