Le théologien musulman Tariq Ramadan, en mars 2016. / MEHDI FEDOUACH / AFP

C’est une « provocation inacceptable » pour la ville de Saint-Denis. Le théologien musulman Tariq Ramadan s’est fait remarquer lundi 17 mars au soir en s’invitant dans le public d’une conférence contre les violences faites aux femmes qui se tenait dans la sous-préfecture de Seine-Saint-Denis. Quatre mois après sa sortie de prison, l’homme, qui est mis en examen pour deux viols, effectuait là sa première apparition publique.

Quelque 70 personnes assistaient à cette réunion publique, organisée à la mairie sur le thème « lutter contre les violences envers les femmes au quotidien », a expliqué à l’Agence France-Presse Madjid Messaoudene, conseiller municipal en charge notamment de l’égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations.

Tariq Ramadan, domicilié à Saint-Denis depuis sa libération conditionnelle mi-novembre, s’est installé dans le public. « Il lui a été dit à plusieurs reprises que sa présence n’était pas souhaitée », a expliqué l’élu, ajoutant que plusieurs personnes avaient décidé de partir devant le refus de M. Ramadan de quitter la salle.

« Une insulte »

« Ni la municipalité ni les participant.e.s n’avaient invité M. Ramadan à venir ni même souhaité sa présence », a affirmé la municipalité dans un communiqué.

« Rien ne peut justifier qu’un combat aussi important que celui de la lutte contre les violences faites aux femmes soit ainsi parasité et confisqué par de telles provocations. (…) La ville de Saint-Denis demande à M. Ramadan de respecter un minimum de décence en laissant en paix celles et ceux qui se battent contre les violences faites aux femmes. »

La municipalité a expliqué que l’élue en charge de l’animation du débat et plusieurs personnes présentes avaient demandé à M. Ramadan de partir mais il n’est « pas possible de faire sortir par la contrainte physique un participant à une réunion publique ». « Son refus de quitter la salle est une insulte envers les personnes légitimement choquées par sa présence. »

Parmi les intervenantes invitées à débattre figuraient la députée LFI Danièle Obono et la politologue Françoise Vergès. « Nous espérions qu’il partirait de lui-même à défaut de pouvoir le faire sortir », a raconté à l’AFP l’une des intervenantes, Anaïs Bourdet, qui a créé le site participatif « Paye ta shnek » pour dénoncer le harcèlement de rue. Si plusieurs personnes ont quitté la salle, « j’ai pour ma part fait le choix de rester car je refusais que ce temps de parole nous soit confisqué par sa présence ».