Sur une ligne de production du constructeur allemand Volkswagen, à Wolfsburg (Basse-Saxe), le 1er mars. / JOHN MACDOUGALL / AFP

A l’exception de la récession de 2009, cela ne s’était pas produit depuis 2005. Cette année, l’économie française devrait croître plus vite que celle de l’Allemagne, d’après les prévisions des grands instituts de conjoncture. L’Organisation de coopération et de développement ­économiques (OCDE) table ainsi sur un produit intérieur brut (PIB) en hausse de 1,3 % dans l’Hexagone, contre 0,7 % outre-Rhin. Jeudi 14 mars, la Banque de France a établi à 1,4 % sa prévision de croissance pour 2019. Le même jour, l’institut munichois Ifo a abaissé la sienne de 1,1 % à 0,6 % pour l’économie germanique…

Qu’arrive-t-il donc au puissant modèle allemand ? « En 2019, l’industrie ne jouera guère son rôle de moteur économique », résume Timo Wollmershaeuser, de l’Ifo. En cause : les incertitudes liées aux tensions commerciales ainsi qu’une demande mondiale plus faible, du fait du ralentissement chinois. En outre, la production dans le secteur automobile a souffert de l’introduction de nouvelles normes antipollution, en septembre 2018. Or les exportations pèsent près de la moitié du PIB de nos voisins, contre 30 % du PIB français.

Cependant, il n’y a guère de raison de s’en réjouir : le trou d’air traversé par l’Allemagne, première économie d’Europe, va peser sur l’ensemble de ses partenaires. Cette année, le PIB de la zone euro ne devrait à peine dépasser les 1 %, prévoit l’OCDE. Loin des 1,8 % enregistrés en 2018. Au bord de la récession, l’Italie sera particulièrement affectée : 12,5 % des exportations de la péninsule vont vers l’Allemagne, son premier client ­devant la France (10,3 %).

Concurrence dans l’automobile

Grâce à la légère baisse de la fiscalité et à la hausse des dépenses publiques mises en œuvre par Berlin cette année, la croissance devrait rebondir en 2020 outre-Rhin, assurent les économistes de l’Ifo. Tout en soulignant que le taux de chômage historiquement bas (3,2 % en janvier) continue de soutenir les salaires et la consommation des ménages.

Néanmoins, tous ne partagent pas leur optimisme. « L’Allemagne risque de devenir l’un des pays affichant durablement l’une des croissances les plus basses de la zone euro, estime Patrick Artus, de chez Natixis. Et ce, car la demande mondiale pour les produits industriels s’affaiblit structurellement, tandis que celle pour les services augmente. »

Fondé sur l’exportation de produits industriels, le modèle allemand sera donc fragilisé ces prochaines années s’il ne se réinvente pas très rapidement, prévient-il. D’autant que la production automobile, son fleuron, est de plus en plus concurrencée par la montée en puissance de la Chine, déjà en position de monopole dans la fabrication de batteries électriques.