Le président Noursoultan Nazarbaïev, le 4 avril 2011 à Astana. / VIKTOR DRACHEV / AFP

La capitale du Kazakhstan change de nom : Astana devient Noursoultan. Ce nouveau nom est en fait le prénom de l’ancien président, M. Nazarbaïev, qui a démissionné mardi après près de trente ans au pouvoir. Ce changement de nom a été approuvé mercredi 20 mars par le Parlement kazakh à la suite d’une proposition du nouveau président par intérim, Kassym-Jomart Tokaïev, qui a souhaité rendre hommage à son prédécesseur.

« Hier, le monde a été témoin d’un événement historique », a ainsi salué M. Tokaïev évoquant une décision « sage » du « réformateur » Noursoultan Nazarbaïev. Ce dernier avait pris la tête du Kazakhstan alors que ce territoire était encore une république soviétique en 1989, comme premier secrétaire du Parti communiste, et avait conservé le pouvoir après son indépendance en 1991.

Réélu à quatre reprises à une majorité écrasante lors d’élections jamais reconnues comme libres et justes par les observateurs internationaux, il a exercé un contrôle total sur le pays pendant près de trois décennies, laissant peu de place à l’opposition ou à une presse libre. Mais, mardi, le dirigeant de 78 ans a annoncé, dans une allocution préenregistrée retransmise à la télévision, avoir « pris la décision de renoncer au mandat de président ».

La fille de Nazarbaïev nommée présidente du Sénat

La plupart des observateurs s’attendent toutefois à le voir conserver une forme de contrôle sur la conduite de cet immense pays d’Asie centrale riche en hydrocarbures, grâce à une série de lois adoptées ces dernières années.

Parallèlement à un transfert encore timide de certains pouvoirs aux organes législatifs, un décret adopté en juillet 2018 garantit à M. Nazarbaïev un poste à vie dans l’organe stratégique qu’est le Conseil de sécurité du pays, ce qui laisse envisager un retrait seulement progressif du président. Son statut – tout à fait officiel – de « père de la nation » lui garantit par ailleurs l’immunité judiciaire et, au minimum, un rôle influent.

« L’opinion de Nazarbaïev sera d’une importance spéciale, certains pourraient dire prioritaire, dans le développement et l’adoption des décisions stratégiques », a ainsi souligné lors de la cérémonie d’investiture le nouveau président Tokaïev. Preuve de cette influence intacte : la fille de M. Nazarbaïev, Dariga, a été nommée mercredi à la tête du Sénat. Elle a été désignée par les sénateurs en remplacement de M. Tokaïev.