Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, le 10 février à Budapest. / BERNADETT SZABO / REUTERS

La droite européenne va-t-elle finir par sanctionner le président hongrois, Viktor Orban, et son parti, le Fidesz (acronyme de Fiatal Demokraták Szövetsége – Alliance des jeunes démocrates) ? C’est l’enjeu de la réunion du Parti populaire européen (PPE) qui se tient mercredi 20 mars. Les députés européens des formations de droite et de centre droit – comme la CDU (Union chrétienne-démocrate) d’Angela Merkel ou Les Républicains –, vont décider s’ils suspendent temporairement ou définitivement le parti de M. Orban, le Fidesz.

Pour le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, « depuis des années » le mouvement de M. Orban « s’éloigne des valeurs démocrates-chrétiennes ». Par conséquent, « sa place est hors du PPE », a-t-il affirmé. Si M. Juncker est membre de ce parti, il ne participera toutefois pas à cette réunion.

Depuis son accession au poste de premier ministre en 2010, M. Orban a multiplié les déclarations provocantes vis-à-vis de l’Union européenne, de la question migratoire ou encore du milliardaire George Soros. Mais, en lançant une campagne d’affichage le 19 février contre M. Juncker, M. Orban est allé trop loin. Sous le slogan : « Vous avez aussi le droit de savoir ce que Bruxelles prépare », ces affiches montraient le président de la Commission européenne ricanant aux côtés du milliardaire américain d’origine hongroise, George Soros, et l’accusaient de soutenir l’immigration sur le Vieux Continent. En 2017, George Soros dénonçait une campagne qui « attise les sentiments antimusulmans et reprend la rhétorique antisémite des années 1930 ».

Orban rétropédale

Dans la foulée de cette campagne, treize partis membres du PPE originaires de dix pays différents, réunis autour d’un noyau dur constitué par les pays du Benelux et de la Scandinavie, ont réclamé au début de mars « l’exclusion ou la suspension » du Fidesz. Le chef de file pour les élections européennes du PPE, Manfred Weber, a également accentué la pression sur Viktor Orban, lors d’une visite la semaine dernière à Budapest.

Le Bavarois a posé trois conditions pour le maintien du dialogue : l’arrêt de la campagne anti-Bruxelles, des excuses auprès des autres partis membres du PPE et le maintien à Budapest de l’Université d’Europe centrale (CEU) fondée en 1991 par Georges Soros.

Depuis cette visite, le premier ministre hongrois a fait retirer les affiches controversées et a lancé une nouvelle campagne visant à promouvoir la famille. Il a également présenté jeudi dernier ses excuses au PPE, même si elles ont été jugées insuffisantes, selon une source proche de Manfred Weber. Mais concernant l’Université d’Europe centrale, M. Orban n’a pas bougé. Cet établissement de droit américain, s’estimant chassé par M. Orban, va déménager l’essentiel de ses activités à Vienne.

En septembre, le Parlement avait demandé aux instances européennes de lancer une procédure de sanction contre la Hongrie. Par ce vote, hautement symbolique, les eurodéputés ont dénoncé des « risques clairs de violation grave de l’Etat de droit en Hongrie » et ont invité les Etats membres, au Conseil européen, à se saisir de la question. Si la procédure est menée à son terme, le pays incriminé restant absolument non coopératif, il peut aller jusqu’à une suspension des droits de vote de la Hongrie, soit une quasi-exclusion du jeu européen.