Au Mozambique, 15 000 personnes doivent être « secourues immédiatement », a prévenu le ministre de l’environnement, Celso Correia. / HANDOUT / REUTERS

Le bilan humain du cyclone Idai, qui a causé inondations et glissements de terrain, continue de s’alourdir au Mozambique et au Zimbabwe.

Au moins 242 personnes sont mortes au Mozambique et 139 au Zimbabwe, selon des sources officielles. Plus de 180 000 personnes sont affectées par ces catastrophes au Mozambique, selon Maputo. L’ONU estime que 1,7 million de personnes auront au final besoin d’aide dans ce pays très pauvre. Au Zimbabwe voisin, selon les Nations unies, 200 000 personnes sont touchées par ce désastre naturel ; 189 personnes sont portées disparues, dont 30 élèves. Le président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, a décrété jeudi soir un deuil national de deux jours.

Au Mozambique, 15 000 personnes doivent être « secourues immédiatement », a prévenu le ministre de l’environnement, Celso Correia. « Elles sont bloquées sur des maisons, sur des toits », a-t-il expliqué depuis Beira (centre), la deuxième ville du pays, dévastée par le cyclone. « Elles sont en vie (…) mais on a besoin de les secourir, de les sortir de là. » « Chaque minute compte », a-t-il insisté, alors que des « milliers d’autres sont bloquées sur des zones plus élevées, sur des petites îles ».

Pour la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), il s’agit de « la pire crise humanitaire dans l’histoire récente du Mozambique ». A Rusitu, dans le district de Chimanimani, « j’ai vu un désespoir total, d’énormes rochers qui ont englouti un marché de bananes et même un commissariat. Des policiers et des prisonniers ont été emportés, avec des bâtiments publics et des maisons privées », a-t-il déclaré jeudi, de retour à Harare.

Les conditions à Chimanimani restent « très mauvaises », selon le porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), Hervé Verhoosel. « Environ 90 % du district a été endommagé de façon importante », a-t-il ajouté.

Crainte des épidémies

Les secours, qui ont reconnu avoir été pris au dépourvu par l’ampleur des pluies qui ont suivi le cyclone, restent encore trop lents. Mercredi, ils ont réussi à sauver au Mozambique quelque 3 000 personnes bloquées sur des landes étroites entourées d’eau, sur des toits ou sur des arbres. Mais ils peinent à répondre aux besoins énormes, d’autant que les maladies transmissibles par l’eau inquiètent les secours.

« Le déplacement d’un grand nombre de personnes et les inondations provoquées par le cyclone Idai augmentent significativement les risques de paludisme, de typhoïde et de choléra », a prévenu Matshidiso Moeti, directeur régional pour l’Afrique de l’Organisation mondiale pour la santé (OMS). « La réponse d’urgence va être fondamentale pour éviter une propagation et apporter à la population le soutien de base », confirme Jamie LeSueur, du FICR.

Décrue et retour à la normale

Pendant ce temps, la décrue s’est amorcée au Mozambique. « A certains endroits, le niveau de l’eau atteignait jusqu’à onze mètres, il a baissé de trois mètres », selon Celso Correia.

La vie reprenait très progressivement son cours, des voitures circulaient sur certaines routes redevenues praticables. Le réseau téléphonique, totalement interrompu pendant plusieurs jours, fonctionnait de nouveau par intermittence.

L’arrivée du cyclone avait été précédée pendant plusieurs jours de très fortes pluies au Mozambique et au Malawi, faisant au moins 126 morts. Le Malawi a cependant été épargné par Idai.