Paris, le 16 mars 2019. Acte XVIII de mobilisation du mouvement des « gilets jaunes ». Un manifestant portant un portrait du président de la Republique marche près d’un feu allumé au milieu des Champs-Elysees aux abords de la place de l’Etoile. / JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE »

Des militaires de l’opération « Sentinelle » mobilisés lors de l’acte XIX des « gilets jaunes » samedi, et une polémique qui n’en finit pas. Depuis que le gouvernement a fait cette annonce, mercredi, les critiques pleuvent et ont même connu un nouveau pic après les déclarations, vendredi 22 mars, du gouverneur mililtaire de Paris, qui n’a pas exclu un recours au feu.

Depuis deux jours, le gouvernement tente d’expliquer que les soldats ne seront pas appelés à faire du maintien de l’ordre et ne seront pas au contact des manifestants. Mais le général Bruno Leray a tenu des propos n’allant pas tout à fait dans ce sens, sur Franceinfo :

« Les consignes sont extrêmement précises. Ils ont différents moyens d’action pour faire face à toute menace. Ça peut aller jusqu’à l’ouverture du feu. (…) Les soldats donnent des sommations dans les cas éventuels d’ouverture du feu. Ils sont parfaitement à même d’apprécier la nature de la menace et d’y répondre de manière proportionnée. »

Les militaires pourraient tirer « si leur vie est menacée ou celle des personnes qu’ils défendent », a-t-il poursuivi. Le gouverneur militaire de Paris a affirmé que les militaires intervenaient « très régulièrement sur tout type d’incident, de nature terroriste ou pas ».

« Beaucoup de mauvaise foi »

Emmanuel Macron a réagi à la polémique, depuis Bruxelles : « Sur ce sujet, j’ai vu beaucoup de mauvaise foi, beaucoup d’approximations et beaucoup de faux débats. » Il a défendu l’idée de « faire appel aux militaires pour ce qui est leur mission : la lutte contre le terrorisme et la protection des sites sensibles, pour pouvoir décharger policiers et gendarmes de ces missions ».

« Mais en aucun cas, l’armée dans notre pays est en charge du maintien de l’ordre et de l’ordre public. C’est un faux débat absolu. Ça n’a jamais été le cas ces dernières années et ça ne sera pas davantage le cas. Ceux qui jouent à se faire peur ou à faire peur à certains ont tort. »

Mélenchon demande aux militaire de ne pas tirer

Le général Leray a exprimé « de la manière la plus claire et la plus nette ce qu’est, tout simplement, le comportement normal d’une force armée », a déclaré Jean-Luc Mélenchon lors d’une conférence de presse. « L’honneur de l’armée est d’être celle de la République et du peuple. Il ne saurait être question que l’armée de la République utilise contre le peuple les méthode et les armes qu’elle destine à ses ennemis », a-t-il dit.

Il a demandé aux militaires, « quand bien même ils en auraient reçu l’ordre, qu’ils ne tirent pas ». Dans le même temps, il a appelé les Français à se mobiliser et à manifester samedi. Plus tôt, le chef de file de La France insoumise avait aussi demandé « solennellement » au premier ministre, Edouard Philippe, de venir s’expliquer devant l’Assemblée nationale sur la mobilisation de l’armée.

« En 2017 Emmanuel Macron promettait d’apaiser la France, en 2019 il mobilise la force “Sentinelle”, sans en avertir le chef d’état-major des armées, et laisse entendre que les militaires pourraient tirer sur les manifestants. Le macronisme fracture et abîme la France », a réagi le député Les Républicains Eric Ciotti sur Twitter.

« Eviter tout risque »

De leur côté, deux avocats, William Bourdon et Vincent Brengarth, ont écrit au Défenseur des droits, Jacques Toubon, pour lui demander d’obtenir des « garanties » du gouvernement « pour éviter tout risque ». « Nous ne pouvons imaginer ce qu’il adviendrait si un bâtiment était effectivement sous la menace et si un militaire était requis d’intervenir », anticipent-ils dans leur courrier.

L’opération « Sentinelle » mobilise 7 000 soldats en France. Les soldats protègent des sites religieux (synagogues, mosquées…), des lieux particulièrement exposés au risque terroriste ou très fréquentés (lieux touristiques, gares…). Ils sont présents de manière quasi permanente dans certains endroits, comme les aéroports ou les musées.

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