Gafur Rakhimov, le 03 novembre 2018, lors de son élection à la présidence de l’AIBA. / ALEXANDER NEMENOV / AFP

L’homme d’affaires ouzbek Gafur Rakhimov, élu en novembre 2018 à la tête de l’AIBA (Association internationale de boxe amateure), a annoncé, vendredi 22 mars, sa mise en retrait de la fédération internationale, à cinq jours d’une décision du Comité international olympique (CIO) sur l’avenir de son sport.

Gafur Rakhimov a annoncé cette décision dans un communiqué. Un peu plus tôt, Tom Virgets, directeur exécutif de l’organisation, précisait au Monde par e-mail : « Oui, le président va s’adresser au comité exécutif et est prêt à démissionner dans le meilleur intérêt de l’AIBA, de la boxe et des athlètes. »

Dans les faits, l’Ouzbek entend simplement « renoncer à l’exercice de ses pouvoirs et être remplacé par un président par intérim ». Une conférence téléphonique se tiendra ce week-end, rassemblant le comité exécutif de l’AIBA, à l’issue de laquelle un président par intérim sera nommé. Ce rôle devrait revenir à l’Argentin Oswaldo Bisbal, doyen du comité exécutif. Âgé de 69 ans, ce dernier est au comité exécutif de l’AIBA depuis 21 ans.

Dernière carte

Cette démission inattendue est la dernière carte qui restait dans la manche de l’AIBA à l’approche de la réunion du bureau exécutif du CIO qui, le 27 mars, prendra une décision quant à l’avenir de la fédération internationale.

L’instance suprême de l’olympisme a gelé, en novembre 2018, l’organisation du tournoi de boxe aux Jeux olympiques de Tokyo 2020, suite à l’élection de Gafur Rakhimov et à de nombreux problèmes de gouvernance et d’arbitrage au sein de l’AIBA.

Avant l’élection de M. Rakhimov, le CIO avait mis en garde contre la tentation des élus de la boxe de conforter à la tête de l’AIBA cet homme de 67 ans, accusé par le Trésor américain, en décembre 2017, d’être « l’un des criminels les plus importants d’Ouzbékistan et un acteur important du trafic d’héroïne ».

Selon nos informations, cette mise en retrait pourrait ne pas suffire à infléchir la tendance, très défavorable à l’AIBA.

La fédération a rendu, en février, un rapport, lourd de 4 000 pages, sur la réforme de son organisation. Mais les contacts ont été quasi inexistants entre le CIO et l’administration actuelle depuis l’ouverture de l’enquête, menée par Nenad Lalovic, membre de la commission exécutive du CIO.

« Si je regarde le verre à moitié plein, je me dis que c’est sans doute bien, disait la semaine dernière au Monde Tom Virgets, son directeur exécutif. Car, comment peut-on prendre une décision informée sans nous parler ? S’ils n’ont même pas besoin de nous parler, c’est qu’ils sont satisfaits et que l’issue ne peut être que positive. Mais, si je regarde le verre à moitié vide, je me dis que la décision a été prise il y a longtemps. »