Pour la procureure, « il s’est comporté de manière monstrueuse ». Un aide-soignant qui avait été filmé en train de frapper et d’insulter une dame de 98 ans dans sa chambre d’Ehpad à Arcueil (Val-de-Marne) a été condamné, vendredi 22 mars à Créteil, à cinq ans de prison ferme.

Maintenu en détention, il a également reçu l’interdiction définitive d’exercer la profession d’aide-soignant. Le tribunal a été plus loin que la procureure, qui avait requis quatre ans de prison ferme et un avec sursis pour cet employé du groupe ADEF Résidences.

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« Qu’y a-t-il de pire que ce qu’il a fait ? », avait-elle dit, pour justifier son réquisitoire. Ce père de famille de 57 ans, employé « exemplaire » selon ses collègues de l’Ehpad (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) où il travaillait depuis neuf ans, avait été interpellé en février, après une plainte des enfants de la vieille dame. Soupçonnant des violences sur leur mère, ces derniers avaient installé une caméra de surveillance dans sa chambre.

Sur les vidéos, une scène est particulièrement choquante, selon plusieurs sources qui les ont visionnées. La vieille dame est au sol, apparemment tombée de son lit. On l’entend crier « à l’aide » pendant une heure, avant que n’arrive l’aide-soignant. « Ferme ta gueule », lui dit-il. Il la tire violemment par les jambes pour la remettre dans son lit, lui donne des petits coups de pied, des gifles, la tire par les cheveux. « Tu me fais chier espèce de vieille salope », « ferme ta gueule », répète-t-il encore.

« On a envie de détourner les yeux »

« Pitié pour moi », le supplie la vieille dame, en pleurs. Le lendemain, et alors que les membres de la famille n’ont pas encore vu la vidéo, ils sont informés par l’Ehpad d’une « fracture spontanée du fémur » de leur mère, qui se verra prescrire quatre-vingt-dix jours d’incapacité totale de travail (ITT) – le critère pénal utilisé pour déterminer la gravité d’une blessure .

« On a envie de détourner les yeux, de se boucher les oreilles » en voyant la vidéo – diffusée à l’audience mais à huis clos –, a dit la procureure. Elle parle des « cris qu’on entend toute la nuit », de la vieille dame que l’on jette sur le lit « comme une poupée de chiffon », du « manque d’empathie » de l’aide-soignant, qui a présenté des excuses mais reste impassible dans le box.

« Je ne me reconnais pas, je ne peux expliquer », s’est-il seulement justifié. Devant les enquêteurs, il avait d’abord nié, avant de reconnaître une fois confronté aux vidéos ce qu’il a qualifié d’actes isolés, disant avoir « pété un câble ».

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