Des fraises du Périgord, à Cendrieux, le 29 décembre 2015. / NICOLAS TUCAT / AFP

Matières premières. Feu vert pour le fruit rouge. Gariguette et ciflorette se rangent dans les barquettes. Prêtes à hisser leur collerette dans les paniers printaniers. La charlotte leur emboitera le pas. Suivie de la mara des bois. C’est le défilé des mois d’été, désormais familier au consommateur français. En jouant la carte de ses propres variétés, la France ramène sa fraise. Et elle revient de loin.

« Il y a quinze ou vingt ans, la production française de fraises ne couvrait que 30 % de la consommation, nous sommes revenus à 40 %. Et nous progressons de 2 % à 3 % par an », explique Xavier Mas, producteur du Lot-et-Garonne et président de l’Association d’organisations de producteurs nationale (AOPN) de fraises. Résultat, en 2018, 57 450 tonnes de fruits rouges et charnus ont été récoltées sur tout le territoire. Et ce, malgré une météo plutôt cauchemardesque, entre manque de luminosité, gel, excès de pluie puis de chaleur.

Le rouleau compresseur andalou

Des aléas climatiques qui n’ont pas épargné l’Espagne… D’où la chute marquée des importations de fraises en 2018, perdant près de 20 000 tonnes dans la balance, à 53 100 tonnes. Ne pas en conclure trop vite que le rouleau compresseur andalou s’arrête désormais à la frontière. Les fraises espagnoles sont de retour sur nos étals. Il est vrai que pour le prix d’une barquette de gariguettes ou de ciflorettes de 250 g, vous pouvez embarquer une cagette de 1 kilo de l’alter ego importé. Le saisonnier qui cueille les fraises dans les serres d’Huelva, lui, ne se sucre guère…

Pour convaincre les consommateurs de débourser plus, le fruit français veut se distinguer par le goût, face à l’uniformité de la fraise dite « californienne », exportée par l’Espagne, l’Allemagne, la Belgique ou les Pays-Bas… Son mérite : être une solide baroudeuse. Plus fragile, le fruit hexagonal vante aussi ses origines régionales. De la Freizh de Plougastel à la fraise de Carpentras ou du Lot-et-Garonne. Même si seule la fraise du Périgord a décroché une IGP (indication géographique protégée) car ses plants s’enracinent dans le terroir. Alors que de plus en plus souvent, le fruit pousse en hors-sol. Voir en conteneurs.

Pour ceux qui souhaitent ramasser la fraise en plein champ, rendez-vous dans les fermes « Cueillettes chapeau de paille ». Mais patience. Elles ne rougiront qu’en mai, rythme naturel oblige. De quoi faire quelques confitures ? Car dans un pot de marmelade du commerce, vous avez des chances de trouver des fruits de Pologne, pays qui produit à bas prix près de 200 000 tonnes de sanga sangana, 100 % industrielles. Voir du Maroc ou de la Chine alléchés par ce juteux marché de la fraise surgelée.