Le hacker et lanceur d’alerte portuguais Rui Pinto, le 5 mars à Budapest en Hongrie. / FERENC ISZA / AFP

Le Portugais Rui Pinto, hacker à l’origine des révélations des « Football Leaks » et soupçonné par la justice de son pays de vol de données et de tentative d’extorsion, a été placé en détention provisoire à l’issue d’un premier interrogatoire dans la soirée du vendredi 22 mars au tribunal d’instruction de Lisbonne.

La décision de la juge Maria Antonia Andrade a été confirmée aux journalistes par l’avocat du pirate informatique, Francisco Teixeira da Mota, qui a aussitôt annoncé son intention de faire appel d’une mesure qu’il a considérée « sans fondement ».

« Nous nous battrons pour sa liberté compte tenu de l’importance de son geste citoyen mais aussi pour ce qu’il est », a réagi sur Twitter l’avocat au barreau de Paris Vincent Brengarth, membre de l’équipe internationale de conseils du hacker portugais.

500 000 à un million d’euros

Arrêté le 16 janvier en Hongrie, où il résidait, Rui Pinto avait été remis jeudi aux autorités portugaises qui le soupçonnent d’avoir accédé aux systèmes informatiques du club Sporting Portugal et de Doyen Sports, un fonds d’investissement domicilié à Malte, puis d’avoir publié plusieurs documents confidentiels sur un site Internet créé fin 2015.

Le hacker, aujourd’hui âgé de 30 ans, aurait ensuite réclamé à un responsable de Doyen Sports le paiement d’une somme de 500 000 à un million d’euros pour cesser de révéler ces documents compromettants. Il encourt une peine pouvant aller jusqu’à dix ans de prison.

Ses avocats le présentent toutefois comme un « très important lanceur d’alerte européen » grâce auquel les parquets de plusieurs pays, dont la France, ont ouvert des enquêtes sur les malversations présumées dans le football.

Evasion fiscale, fraude et corruption

Le hacker, qui utilisait le pseudonyme de « John », avait piraté des millions de fichiers dans le but, selon lui, de dévoiler les coulisses d’une industrie « malhonnête ».

En 2016, il a confié quatre téraoctets de données à un consortium de médias européens, le European investigative collaborations, qui a révélé des mécanismes d’évasion fiscale, des soupçons de fraude et de corruption mettant en cause joueurs vedettes et dirigeants de clubs.

Lors de son arrestation à Budapest, il était en possession de six téraoctets de documents inédits, a-t-il affirmé dans une interview accordée aux médias du consortium. D’après la presse portugaise, ces données ont été remises à la justice de son pays par les autorités hongroises.