Une première démission refusée en début de semaine, mais une seconde validée au cours du week-end. Le pape François a accepté la démission du cardinal chilien Riccardo Ezzati, a annoncé samedi 23 mars le Vatican, cinq jours après avoir dit non à la demande du cardinal Barbarin. L’archevêque de Santiago avait, de son côté, présenté cette démission en mai 2018, comme l’ensemble des évêques chiliens, à la suite d’une série de scandales d’agressions sexuelles à l’encontre de mineurs.

Cette décision intervient alors que, selon les médias chiliens, une cour d’appel chilienne a confirmé vendredi des poursuites engagées contre le cardinal Ezzati pour ne pas avoir dénoncé des agressions sexuelles commises par trois prêtres. Convoqué par un procureur chilien en octobre, Mgr Ezzati, le plus haut dignitaire de l’Eglise catholique dans le pays, avait gardé le silence, tout en promettant devant la presse la plus grande collaboration.

Le cardinal Ezzati est notamment soupçonné d’avoir couvert Oscar Muñoz, un curé de 56 ans accusé d’avoir abusé au moins sept mineurs entre 2002 et 2018, dans les villes de Santiago et Rancagua, au sud de la capitale. Mgr Ezzati est également soupçonné d’avoir couvert Fernando Karadima, un prêtre octogénaire ayant agressé sexuellement de nombreux enfants et adultes. Ancien formateur charismatique de prêtres, M. Karadima a été reconnu coupable en 2011 par un tribunal du Vatican d’avoir commis des actes pédophiles dans les années 1980 et 1990. Il a été contraint de se retirer pour une vie de pénitence.

Le Chili touché par plusieurs scandales de pédophilie

Le pape François a accepté la démission du cardinal chilien Riccardo Ezzati, a annoncé samedi le Vatican. L’archevêque de Santiago avait présenté cette démission en mai 2018 comme l’ensemble des évêques chiliens à la suite d’une série de scandales d’agressions sexuelles à l’encontre de mineurs. / Luis Hidalgo / AP

Le Chili est l’un des pays les plus gravement touchés par le scandale des agressions sexuelles commises par des membres du clergé et de leur gestion par les autorités ecclésiastiques. Le pape y a effectué une visite très controversée en janvier 2018, qui a débouché en avril de la même année sur une lettre aux évêques chiliens en forme de mea culpa dans laquelle il reconnaissait des « erreurs d’appréciation » sur le scandale qui secouait l’Eglise chilienne.

Après avoir longuement écouté des victimes, le pape a convoqué tous les évêques chiliens au Vatican en mai 2018 pour trois journées d’introspection, à l’issue desquelles tous les évêques avaient remis leur démission. Depuis, le pape argentin avait accepté sept de ces démissions. A la mi-janvier, il avait reçu cinq prélats chiliens au Vatican, dont le cardinal Ezzati, avec qui il avait eu un « dialogue très fraternel », selon la conférence épiscopale chilienne.

Mais, au-delà du cas du cardinal chilien, cette démission acceptée par le pape intervient aussi la même semaine que le refus, au nom de la présomption d’innocence, de la démission du cardinal français Philippe Barbarin. Condamné en première instance à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation des agressions sexuelles du prêtre Bernard Preynat, le cardinal français avait présenté sa démission, refusée lundi par le pape.

En octobre, François avait accepté, avec réticence, la démission du cardinal américain Donald Wuerl, archevêque de Washington, soupçonné par un jury populaire d’avoir étouffé un vaste scandale d’agressions sexuelles en Pennsylvanie. Il n’était pas sous le coup d’une condamnation directe.

Pédophilie dans l’Eglise : comprendre l’ampleur de la crise
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