LeBron James contre les Brooklyn Nets, le 22 mars 2019. / Mark J. Terrill / AP

Cette fois-ci, c’est officiel : alors qu’il leur reste encore dix matches à jouer, les Los Angeles Lakers sont officiellement éliminés de la course aux play-offs. Clin d’œil ironique de l’histoire, cette officialisation arrive après une défaite contre les Brooklyn Nets de D’Angelo Russell (106-111). Les Lakers s’étaient débarrassés de Russell en 2017, après deux saisons, parce qu’ils pensaient faire mieux sans lui. Depuis, Russell est All-Star et pourrait bien participer à ses premiers plays-offs dans un peu moins d’un mois.

De leur côté, les Lakers vont enchaîner une sixième saison de suite sans play-offs. Les hommes de Luke Walton empilent les saisons blanches, et font un cadeau terrible à LeBron James, qui avait pourtant activé « le mode play-offs » après le All-Star Break, il y a un mois. Mais ça n’a pas suffi. Comme un symbole, c’est lui qui a glissé, puis perdu le ballon sur la dernière possession de son équipe contre Brooklyn.

Le meilleur joueur du monde, arrivé à l’intersaison, va regarder les play-offs devant sa télé pour la première fois depuis 2005. Il n’avait plus manqué les finales NBA depuis 2011.

Un échec aux multiples raisons

Les raisons de l’absence des Lakers dans cette deuxième partie de saison sont multiples. Dès cet été, beaucoup s’étaient interrogés sur le recrutement des Californiens. S’ils ont réussi à très vite mettre la main sur LeBron James, les Lakers ont réalisé des choix très étranges pour l’entourer. Ainsi, ils ont préféré se séparer de Julius Randle et Brook Lopez (auteurs d’une très bonne saison avec New Orleans et Milwaukee) pour enregistrer l’arrivée de quatre vétérans : des joueurs moyens, souvent plus célèbres pour leurs frasques que pour leurs performances sur les parquets : de quoi faire des Lakers la « meme team ».

Un recrutement d’autant plus étrange, souligne L’Equipe, qu’il ne place pas LeBron James dans les meilleures conditions en attaque. Autour de lui, on ne trouve aucun « shooteur pur », capable d’écarter la défense, et de lui libérer de l’espace à l’intérieur.

Mais malgré cet étrange mélange entre ces vétérans et les jeunes pousses qui progressaient année après année, les Lakers ont pris un bon départ. A Noël, après 34 matches (sur les 82 que compte la première partie d’une saison NBA), James et ses coéquipiers occupent la quatrième place à l’Ouest.

Un cadeau de Noël au goût amer

C’est d’ailleurs le soir de Noël que la saison des Lakers bascule : contre Golden State, champion en titre, ils réalisent un superbe match et s’imposent de 26 points (127-101). Le problème, c’est que sur ce match, Rajon Rondo se blesse le doigt, pendant que LeBron James se blesse à l’aine.

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Le « King » manquera les 17 matches suivants. Les Lakers ne gagnent que six rencontres sans lui et sombrent alors à la neuvième place. Mais son retour ne change rien. Car Lonzo Ball se blesse lui aussi et sera absent jusqu’à la fin de saison. La présence du jeune meneur en défense notamment (mais aussi à la distribution) manque cruellement aux Lakers. Et tout cela, sans compter les petites blessures de chaque joueur au cours de la saison. C’est d’ailleurs ce que retient JaVale McGee, quand il doit expliquer aujourd’hui l’absence des Lakers en play-offs.

« Ce qui m’a le plus surpris, c’est l’accumulation de blessures que l’on a connue, cette saison. Je ne me souviens pas d’une chose pareille dans ma carrière. On a connu tellement de blessures. J’ai manqué deux semaines à cause d’une pneumonie. Il nous est arrivé beaucoup de choses cette saison. C’est comme si quelqu’un nous avait jeté un sort. »

Le fiasco Anthony Davis

Il faut dire qu’en plus des blessures, les Lakers ne se sont pas rendus la tâche facile en interne. Fin janvier, à quelques jours de la date limite des transferts, Anthony Davis, joueur de New Orleans (et probablement le meilleur intérieur de la Ligue) fait part de son envie d’ailleurs. Le nom des Lakers n’a jamais été prononcé mais c’était comme si : l’agent d’Anthony Davis, Rich Paul, est aussi celui de LeBron James. C’est aussi l’ami d’enfance du « King ».

Alors, les Lakers ont tout tenté pour pousser la Nouvelle-Orléans de lâcher son joyau, pourtant encore lié à son équipe pour un an et demi. Certaines rumeurs de transferts envoyaient la moitié de l’effectif (et notamment les petits jeunes) de Los Angeles contre Davis. Après deux semaines de poker menteur, New Orleans n’a pas bougé et les Lakers se sont retrouvés sans Davis et avec une équipe complètement démotivée, composée de joueurs qui ont découvert à quel point ils n’étaient que des pions prêts à être sacrifiés dans la partie d’échecs jouée par le président des opérations basket Magic Johnson, le manager-général Rob Pelinka et LeBron James, personnage influent de toutes les équipes dans lesquelles il est passé.

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En plein milieu de ce marasme, les Lakers ont subi l’une des pires défaites de leur histoire contre les Indiana Pacers : 42 points d’écart et une image symbolique de cette cassure. Les jeunes d’un côté, James à part sur le banc.

Et maintenant ?

Histoire de boire le calice jusqu’à la lie, les Lakers ont vu l’autre franchise de Los Angeles, les Clippers, dont on n’attendait pourtant pas grand chose, se qualifier pour les play-offs. Auteurs d’une superbe saison, ils se placent presque comme la franchise attractive du sud de la Californie, cet été.

Reste que les Lakers savaient que cette saison ne serait sans doute pas celle de leurs rêves. Ils ont d’ailleurs fait signer la plupart de leurs recrues un contrat d’un an seulement, pour avoir la possibilité de s’en séparer cet été et avoir suffisamment d’argent disponible pour entourer James d’autres stars. Il faut dire qu’elles seront nombreuses à être sur le marché : Kevin Durant, Klay Thompson, Kawhi Leonard, Kyrie Irving, Kemba Walker, DeMarcus Cousins, Jimmy Butler…

Les Lakers ne peuvent pas se permettre de ne pas faire un coup cet été. LeBron James a beau dépenser des millions de dollars pour prendre soin de son corps, son âge va finir par le rattraper. Cette saison, à 34 ans, il a connu la première blessure majeure de sa carrière. Les Lakers savent que les saisons qui restent au « King » sont limitées. Ils ont grillé un premier joker et n’ont plus de temps à perdre s’ils veulent profiter des dernières années d’un des meilleurs joueurs de l’histoire du basket.