L’ancien président brésilien Michel Temer, le 30 juillet 2017 à Rio de Janeiro. / MAURO PIMENTEL / AFP

Un juge brésilien a ordonné, lundi 25 mars, la libération de l’ex-président Michel Temer, placé en détention provisoire jeudi dernier et accusé d’être à la tête d’« une organisation criminelle » ayant détourné des centaines de millions d’euros. Le juge Antonio Ivan Athié, du tribunal fédéral TRF2, a décidé d’accepter la demande d’habeas corpus déposée par la défense de M. Temer, considérant que la détention provisoire n’était pas « justifiée ».

La décision concerne également les sept autres accusés détenus en même temps que l’ex-président, y compris l’ex-ministre des mines et de l’énergie, Moreira Franco, autre cacique du PMDB, parti de centre droit de M. Temer qui a fait la pluie et le beau temps au Parlement pendant des décennies. Un porte-parole du TRF2 a confirmé que la décision de libérer l’ex-président avait un « effet immédiat ».

Pas de « menace à l’ordre public »

Le magistrat a justifié sa décision en évoquant l’absence d’éléments « qui montreraient qu’ils représentent une menace à l’ordre public ou qu’ils pourraient dissimuler des preuves ». « Même s’il existe des indices qui incriminent les accusés, ils ne justifient pas la prison provisoire », a-t-il expliqué, considérant qu’il pouvait attendre son jugement en liberté.

Prédécesseur du président Jair Bolsonaro, Michel Temer, 78 ans, avait été arrêté à Sao Paulo, quatre-vingts jours après avoir quitté le pouvoir, dans le cadre de l’opération « Lava Jato » (« lavage express »). Cette enquête tentaculaire, lancée il y a exactement cinq ans, a mis au jour le plus grand scandale de corruption de l’histoire du Brésil, autour de contrats du groupe public pétrolier Petrobras avec des grands groupes du BTP.

1,8 milliard de reais détournés

Michel Temer est soupçonné d’être le chef d’« une organisation criminelle » qui aurait détourné jusqu’à 1,8 milliard de reais (417 millions d’euros). Le parquet a notamment évoqué un « système criminel sophistiqué » sur des projets de génie électromécanique dans la centrale nucléaire d’Angra, qui n’est toujours pas achevée.

Mais le juge Athié a considéré que la prison provisoire violait les « garanties constitutionnelles » :

« Je ne suis pas contre « “Lavo Jato”, au contraire, je veux aussi voir notre pays libéré de la corruption qui le mine. Mais le combat contre ce fléau ne peut être légitime sans respect des garanties constitutionnelles. »

M. Temer était arrivé au pouvoir en août 2016, après la destitution brutale de la présidente de gauche Dilma Rousseff pour maquillage des comptes publics. Il est devenu jeudi le second président brésilien emprisonné dans le cadre de « Lava Jato », après Luiz Inacio Lula da Silva, en prison depuis avril 2018 pour corruption et blanchiment d’argent.