Le réalisateur français Luc Besson, le 25 février 2019 à Séoul, en Corée du Sud. / Lee Jin-man / AP

Dans une passe financière difficile, EuropaCorp SA, la « mini-major » de Luc Besson, a annoncé, lundi 25 mars, avoir cédé au groupe Gaumont son activité d’exploitation de films en coproduction et de films sous mandat de distribution issus du catalogue Roissy Films. Ce catalogue de 300 œuvres comprend notamment Les Ripoux, de Claude Zidi, Les Vieux de la vieille, de Gilles Grangier, Un singe en hiver, d’Henri Verneuil, ou encore, du même réalisateur, Mélodie en sous-sol.

Le montant de la transaction n’a pas été communiqué mais sera publié lors des prochains résultats, puisque Gaumont et EuropaCorp sont cotées en Bourse. Le groupe de Luc Besson était propriétaire de ce catalogue depuis 2008. Cette cession ne constitue toutefois pas une surprise puisque des négociations exclusives entre les deux groupes avaient été annoncées dès le 20 septembre 2018.

Echec de plusieurs films aux Etats-Unis

L’entreprise de Luc Besson a publié en juin 2018, pour la troisième année consécutive, des résultats déficitaires. La perte nette de 82,5 millions d’euros pour l’exercice décalé 2017-2018 s’explique largement par l’échec de plusieurs films aux Etats-Unis et, surtout, par leurs coûts de distribution astronomiques dans ce pays. C’est ce qui a plombé le très coûteux Valérian et la cité des mille planètes, dont le budget frôlait les 200 millions d’euros.

En 2016-2017, EuropaCorp avait déjà accusé un déficit record de 119,9 millions d’euros, toujours en raison d’une succession de revers sur le marché américain.

Avec la cession de ce catalogue, EuropaCorp veut « se recentrer sur ses activités de cœur de métier que sont la production et la distribution de films et séries dans le monde », indiquait le groupe en juin. Un retour donc aux films d’action pour tenter de capitaliser sur les franchises qui marchent bien, comme les Taxi.

Image écornée par la plainte pour viol

Par ailleurs, l’image d’EuropaCorp a été écornée à la suite d’une plainte pour viol à l’encontre de Luc Besson. Le parquet de Paris a classé sans suite, le 25 février, l’enquête préliminaire ouverte le 18 mai 2018 à l’encontre du réalisateur, mais une nouvelle enquête sur des faits d’agression sexuelle vise toujours le cinéaste.

Gaumont, de son côté, a achevé sa mue après la cession de sa participation dans le circuit de salles Les cinémas Pathé Gaumont. Recentré sur la production, le groupe affiche un chiffre d’affaires de 196,2 millions d’euros en 2018, malgré une perte nette de 8,8 millions due à ce recentrage. Le groupe compte sortir dix films cette année. Après Edmond, d’Alexis Michalik, sorti le 9 janvier, est diffusé Le Mystère Henri Pick, de Rémi Bezançon, avec Fabrice Luchini. Sont attendus Blanche comme neige, d’Anne Fontaine, avec Isabelle Huppert, Hors normes, d’Eric Toledano et Olivier Nakache, ou encore J’accuse, de Roman Polanski.

Gaumont compte également les grandes plates-formes de streaming comme clients et la première production de long-métrage de sa filiale américaine, Point Blank, sera livrée à Netflix au premier semestre 2019.

Le groupe français produit aussi pour Netflix la cinquième saison de Narcos en dix épisodes, d’Eric Newman, et réserve la première saison d’El Presidente, une fiction latino-américaine de huit épisodes, à Amazon.