Des applications pour smartphone permettent, par exemple, de savoir si un lieu est accessible en fauteuil roulant. / PhotoAbility/Blend Images/Photononstop

Pour répondre aux besoins de mobilité des personnes handicapées, les outils numériques se sont multipliés. Développées par des start-up, des associations ou des collectivités, des applications pour smartphone permettent de savoir si un lieu est accessible en fauteuil roulant ou si les ascenseurs du métro fonctionnent. D’autres renseignent les malvoyants sur les lignes et les arrêts de bus.

« La voix vous demande parfois d’aller à l’est… Il faut alors avancer pour voir si on prend le bon chemin. » Christian Lainé, de la Fédération des aveugles de France

Une autre technique consiste à installer des balises sonores qui se déclenchent à l’aide d’une télécommande ou d’une application pour smartphone, afin d’aider les personnes malvoyantes à repérer l’entrée de bâtiments publics, de chaînes de magasins, de banques… Le groupe lyonnais Okeenea en a installé 25 000 dans de nombreuses villes en France et prévoit d’expérimenter d’ici à la fin de l’année une autre technique dans les couloirs du métro de Marseille, afin d’orienter les personnes handicapées dans des bâtiments fermés, inaccessibles par GPS.

Christian Lainé, formateur en informatique à la Fédération des aveugles de France et lui-même non-voyant, utilise quotidiennement ces balises sonores et les fait découvrir à ses élèves, même s’il lui « arrive encore de [se] prendre un ­poteau avant de trouver l’entrée de la poste ! », plaisante-t-il. Il estime d’un grand secours les outils GPS des applications de navigation mais en a aussi ­expérimenté les limites : « La voix vous demande parfois d’aller à l’est… Il faut alors avancer pour voir si on prend le bon chemin. » Il préfère Lazarillo, une application née au Chili, qui fait vibrer le smartphone quand la personne va dans la bonne direction.

Un ticket tel un « doudou »

La présidente de l’association Mobile en ville, Catherine Dupont, estime que la situation s’est « améliorée » mais que le numérique n’a pas « changé la vie » des personnes à mobilité réduite. Si elle a recours aux applis « Stationnement handicapé » et « Où sont les toilettes ? », qui référencent les places de parking réservées et les toilettes adaptées, elle a cessé d’utiliser les transports en commun après plusieurs expériences désagréables en fauteuil roulant. « C’est bien beau de nous indiquer les stations de métro avec ascenseur, s’emporte-t-elle. Mais une fois sur place, il arrive que cela ne fonctionne pas. A Paris, par exemple, les transports en commun sont inutilisables. »

Comment ne pas laisser de côté les personnes fragiles ou éloignées du numérique, ou qui ne savent pas utiliser toutes les fonctionnalités d’un smartphone ? « Nous testons une interface de navigation intuitive, avec une seule flèche pour guider l’utilisateur du début à la fin d’un parcours stressant, par exemple dans un aéroport, avant de prendre l’avion », explique Sylvain Denoncin, le président d’Okeenea.

Lancée en 2017 à Rennes lors du hackathon MétroMix, un événement collectif autour des enjeux de mobilité, la borne FaciTrajet est conçue pour imprimer un ticket qui détaille à l’utilisateur les étapes de son parcours, après qu’il a scanné sa carte d’abonnement et prononcé sa destination. Publié en open source sur Wiki-Rennes, le projet a été expérimenté en 2018. L’une de ses conceptrices, ­Sophie Vanwaelscappel, compare ce trajet imprimé à un « doudou » pour les usagers fragilisés par un handicap cognitif ou par l’âge. « On peut s’y accrocher comme à une liste de courses, un élément rassurant. » Le papier n’a peut-être pas dit son dernier mot.

Cet article est extrait d’un dossier réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la métropole de Rennes.